Elections couplées du 22 novembre : Les déplacés internes souhaitent le retour sécurité
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Pour la première fois dans l’histoire du Burkina Faso, des citoyens en âge de voter seront privés d’élections en raison de l’insécurité. Les attaques terroristes auxquelles le pays est confronté depuis 2016 ont causé un déplacement massif des populations. Estimées à plus de 400 000 dans la région du Centre-Nord sur un total d’environ 1 030 000 sur l’ensemble du territoire national, les personnes déplacées internes ne sont pas restées en marge de cette campagne électorale. Certaines d’entre elles que nous avons rencontrées à Kaya le jeudi 19 novembre 2020 souhaitent que le vainqueur de l’élection présidentielle s’investisse pleinement pour la restauration de la sécurité dans leurs localités d’origine.
Tibwaya Sawadogo a fuit l’insécurité à Diblou, village de la commune rurale de Pissila, depuis juillet 2019 pour se réfugier à Kaya avec sa famille. Accueilli sur un des sites de déplacés internes du secteur n°6, il dit suivre les messages des 13 candidats à l’élection présidentielle à travers son petit poste radio. « Comme je suis âgé, je ne peux pas me rendre sur les lieux des meetings dans la ville. Ce sont mes épouses qui s’y rendent », confie ce septuagénaire, visiblement désemparé par sa détresse qui perdure. Son souhait le plus ardent est que le candidat qui sera élu à cette élection présidentielle concrétise sa promesse électorale, à savoir œuvrer au retour de la sécurité dans le pays afin de permettre aux déplacés de regagner leurs localités d’origine. Faute de carte nationale d’identité, Tibwaya Sawadogo ne s’est pas fait enrôler dans un bureau de vote de la ville. Cependant, il soutient que ses trois épouses qui se sont fait enrôler accompliront leur devoir civique le jour du scrutin. Pour Aloïs Ouédraogo, un déplacé venu de Gonèga dans la commune de Barsalogho, sa détresse ne l’encourage pas à se rendre sur les lieux des meetings. « Je pense que si les candidats à la présidentielle avaient la solution à l’insécurité, nous ne serions pas toujours dans des camps de déplacés », dit-il. Ne s’étant pas enrôlé dans sa commune d’accueil, Aloïs Ouédraogo ne pourra pas voter le jour J. Néanmoins, il invite le prochain président du Faso à faire de la question de l’instauration de la sécurité son cheval de bataille. Même son de cloche de la part de Paul Sawadogo et d’Assêta Kinda, des déplacés venus respectivement de Foubé-Bolé et de Kelbo. Leurs vœux est de regagner leurs villages d’origine avant la prochaine saison hivernale.
Installé dans un quartier non loti du même secteur, Sita Hassane Cissé a fui l’insécurité à Tongomaël dans le Soum depuis mars 2019. Chef de ménage d’une trentaine de membres, il se réjouit de la prise en compte des préoccupations des déplacés internes par la majorité des candidats. Ayant réussi à s’enrôler avec quelques membres de sa famille dans un bureau de vote de la ville, il s’engage à accomplir son devoir civique le jour du scrutin. Ibrahim Cissé, qui habite dans la même zone, dit avoir fuit Kelbo en février 2020 avec sa famille en raison de l’insécurité. Outre quelques meetings dans la ville, il affirme avoir suivi avec attention les promesses électorales des postulants au fauteuil de Kosyam sur les ondes des radios qui émettent dans la commune. Ibrahim Cissé et tous les membres de sa famille en âge de voter ont bénéficié d’un changement de bureau de vote. Il entend lui aussi aller aux urnes le dimanche pour exercer son droit de vote. En outre, il fonde l’espoir que l’heureux élu explorera toutes les voies de résolution des conflits afin de permettre au pays de retrouver sa paix d’antan.
« Nous ne voulons pas dépendre de l’aide humanitaire. Nous voulons vivre dignement de l’agriculture et de l’élevage que nous pratiquions dans nos villages d’origine », a déclaré Rasmané Soré, un déplacé venu d’un village de Pensa et installé sur un site d’accueil de Louda dans la commune rurale de Boussouma.
D.D. Windpouyré Ouédraogo
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