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Restitution œuvres d’art africain : Petite révolution au palais Bourbon

 

C’est certes un petit pas, mais un pas de géant sur le long chemin qui doit conduire à la restitution des objets d’art en Afrique, en particulier, et vers d’autres peuplades dont une bonne partie  du patrimoine matériel trône dans des musées occidentaux.

 

 

En effet, hier jeudi 17 décembre 2020, les députés de l’Assemblée nationale française ont adopté la rétrocession au Bénin de 26 œuvres du trésor de Behanzin pillé en 1892. Une adoption qui a été opérée au grand dam du Sénat qui ne l’entendait pas de cette oreille. Le 4 novembre dernier, les sages du Parlement français avaient amendé  la loi afin de mieux l’encadrer de peur que ses effets  fassent boule de neige.

 

Il faut rappeler que lors de sa visite en novembre 2017 à Ouagadougou, le président Emmanuel Macron s’était engagé en faveur de ces restitutions, une manière pour « Jupiter » de repenser les relations culturelles  entre l’Hexagone  et ses anciennes colonies. Au total, plus de 90 000 œuvres africaines sont concernées mais, selon un rapport rendu en 2018, 46 000 pourraient retrouver leur patrie.

 

Même si les parlementaires préfèrent qu’on parle plutôt de «retour» en lieu et place de « restitution », la restitution signifiant à leurs yeux la remise de quelque chose qu’on possède indûment. Une querelle de sémantique en somme. Mais quelle que soit la terminologie utilisée, ce qui nous importe à nous, Africains, c’est que ces œuvres d’art nous reviennent. Déjà, nous ont été retournés en novembre 2019 au Sénégal le sabre avec son fourreau d’El Hadj Omar Tall, fondateur de l’empire toucouleur, et la couronne ornant le dais royal de la reine Ranavalona III à Madagascar.

 

Mais en attendant que d’autres objets suivent, il faudra aussi que nous commencions par balayer devant notre propre porte. Si effectivement l’on a fait l’objet de pillage depuis les temps anciens jusqu’à la colonisation, il faut reconnaître que ce fut souvent avec la complicité de certains de nos frères africains  qui, par vénalité, ont maraudé dans notre patrimoine culturel. Ce fut le cas, par exemple, de la statuette sacrée de Pobé Mengao dans le nord du Burkina, volée en 1991. Mamio a été retrouvée en 1997 et finalement restituée en 2001 grâce à la ténacité de feu Jean Baptiste Kientéga, professeur titulaire en archéologie à l’université de Ouagadougou.

 

Une chose est donc de rapatrier ces objets, une autre est de s’assurer qu’elles seront en lieu sûr, avec surtout une bonne condition de leur conservation. Cette seconde préoccupation n’est pas superflue dans nos Etats aux moyens limités et où le département de la Culture est souvent le parent pauvre en matière de financements publics.

 

 

Issa K. Barry

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