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Intelligence de la foi : Le dimanche de la joie

 

Le troisième dimanche de l’Avent est celui du « Gaudete ». Ce terme est la deuxième personne de l’impératif du verbe « gaudere » en latin. Il se traduit ainsi : « réjouissez-vous ! ». C’est une invitation solennelle à entrer dans la joie du Seigneur qui vient à Noël. A ce propos, le saint pape Jean-Paul II affirmait : « Savoir que Dieu est proche, attentif et plein de compassion, qu'il est un Père miséricordieux qui s'intéresse à nous dans le respect de notre liberté, est motif d'une joie profonde ».  

Dieu le Père en effet s’intéresse à l’humanité au point de consentir que son Fils descende de son trône royal pour habiter chez les hommes et les femmes qui acceptent librement de l’accueillir. La « joie salvifique en Jésus » que le peuple de Dieu se prépare à accueillir, a sa source en Lui. La tradition liturgique et biblique nous en donne des éléments.

 

 

 

 

1.   La source liturgique et biblique du « gaudete »

 

L’antienne d’ouverture de la célébration eucharistique du troisième dimanche de l’Avent donne le ton en ces termes : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche".

 

Dans cette même liturgie, les textes proposés à la méditation des fidèles du Christ, invitent à une joie pure, forte et inaltérable en Dieu. En effet, le livre de Sophonie qui est proclamé en première lecture ce dimanche de l’année liturgique C, invite la « fille de Sion » ou la « fille de Jérusalem » qui n’est rien d’autre que chaque membre du peuple de Dieu, à épouser l’allégresse de Dieu : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton cœur, bondis de joie, fille de Jérusalem ». Le peuple de Dieu, au travers d’un message à l’impératif que nous pouvons qualifier de catégorique, doit se réjouir, car le Seigneur son Dieu lui assure la vie en le sauvant de ses adversaires, en lui restaurant sa liberté bafouée par ses ennemis et sa paix altérée par les souffrances de sa douloureuse histoire.

 

De plus, le refrain du cantique tiré  du livre 12 du prophète Isaïe invite également à la jubilation : « Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ». La joie dont le croyant doit jouir est radicalement adossée à Dieu sans qui la vie et la destinée de ses enfants ne sont que peine et misère.

 

La deuxième lecture quant à elle, tirée de la lettre de l’apôtre Paul aux Philippiens (Ph 4, 4-7) embouche la même trompette solennelle : « Soyez toujours dans la joie ; je le redis : soyez dans la joie ».

 

A la méditation de tous ces textes liturgiques et bibliques, quelques lumières peuvent nous aider à avancer en ce troisième dimanche de l’Avent pour toute la troisième semaine que nous allons vivre.

 

2.  

Notre Dieu est joie, jubilation, allégresse…

 

La première affirmation est celle-ci : Dieu n’est l’incarnation ni de la morosité, ni de la tristesse. Dieu Père, dont le verbe son Fils qui naîtra parmi nous, décrète de sa propre autorité pour tous ses enfants, la joie qui est un état de paix intérieure dont Lui seul est la source, le garant, le jaillissement et la permanence : « Soyez toujours dans la joie ». L’adverbe « toujours » n’est pas anodin. Il dit qu’en Dieu, il n’y a pas d’altération, ni des hauts et des bas dans l’état de joie. C’est la joie parfaite et son désir de Père est d’y associer toujours et partout ses enfants, quelles que soient les circonstances et les situations de l’existence présente. Si Dieu distille sa joie pour ses enfants, ceux-ci, à leur tour, doivent en être les propagateurs.

 

3.  

L’Homme, relais de la joie de Dieu

 

Si nous sommes invités à entrer dans la joie de Dieu, c’est d’abord pour notre bonheur, puis pour le bonheur du prochain auquel nous devons contribuer par notre bienveillance ; bienveillance qui doit être connue de tous comme l’apôtre Paul nous le recommande dans sa lettre aux Philippiens (cf. Ph 4, 5). En vérité, une vie remplie de joie profonde et sincère est un torrent de bénédictions pour tous ceux qui entrent en contact avec elle.

 

Cependant, l’être humain a conscience des voies périlleuses qu’il ose parfois emprunter et qui obstruent évidemment les vannes de cette source pure. La question fondamentale est la suivante : comment procéder pour garder intactes les canalisations de cette joie afin que l’eau de la source soit toujours rafraîchissante et s’écoule pour le bonheur des autres ?

 

Saint Luc (3, 10-18) nous en donne quelques clés à travers la prédication de Jean-Baptiste qui répond sans langue de bois aux questions des foules venues l’écouter. A la question, « que devons-nous faire ? », Jean-Baptiste leur propose le principe vital du partage de nos biens et de nos richesses avec les pauvres. Il intime l’ordre aux collecteurs d’impôt, ceux qui géraient le trésor public, de vivre dans la justice, de se garder de détourner les deniers publics pour un usage égoïste, nuisible pour eux-mêmes et pour les autres. Il conseille sans détour aux soldats de se tenir dans leur rôle de protecteurs et de défenseurs de la cité ; donc de se garder de toute brutalité sauvage contre ceux dont ils sont les serviteurs.

 

En définitive, lorsque chacun joue son rôle avec droiture, équité, justice et bonté du cœur, il alimente son cœur de la joie et de la paix de Dieu et arrose les cœurs des autres de l’eau bienfaisante du bonheur qui a sa source unique en Dieu.

 

 

En cette troisième semaine de l’Avent, posons-nous la question : comment vais-je pouvoir dégager cette joie, ou comment vais-je pouvoir la faire vivre au-dedans de moi au regard de mes peurs, de mes angoisses, des impairs ou des impasses de l’existence présente ?

 

Fidèles lecteurs et lectrices, quelles que soient nos convictions religieuses, philosophiques, ou autres, chaque être humain, normalement constitué et relativement bien pétri, sent la nécessité du bonheur et de la joie à partager.  Cela est en quelque sorte notre mission sur la terre, celle d’être utile à soi-même, à autrui et à sa société. Nul ne peut se soustraire à cet impératif de contribuer à son propre épanouissement et à celui des autres. A celui ou celle qui possède des convictions religieuses profondément ancrées en Dieu, sa vocation est d’être semeur de joie en tous temps et en tous lieux, en travaillant quotidiennement sa propre joie intérieure qui conditionne en partie, et une partie non négligeable, la joie et le bonheur des autres. Si nul ne peut être heureux tout seul, nul ne peut non plus se procurer de la joie sans une aide marquée par la verticalité qui renvoie à Dieu, et à l’horizontalité qui se réfère à l’Homme. Que Dieu fasse abonder en nos cœurs sa joie pour notre bonheur et pour un vivre-ensemble plus harmonieux.

 

 

 

Abbé Justin ZANGRE

Supérieur du petit séminaire de Pabré

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