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MPSR: Le colonel Damiba et le piège des OSC

Après son coup d’Etat du lundi 24 janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba prend petit à petit ses marques et échange beaucoup. Il était, mardi, avec la hiérarchie militaire et les secrétaires généraux des ministères, chargés de l’expédition des affaires courantes. Hier mercredi, c’était le tour des patrons des corps paramilitaires (douane, police nationale, police municipale, GSP, Eaux et forêts) puis celui des membres du dernier gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré.

Concertations tous azimuts donc au camp Baba Sy, devenu le quartier général du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dont le nouvel homme fort du Burkina se trouve d’ailleurs être le chef de corps.  

Pour le chef du MPSR, c’est un ballet des forces vives de la Nation pour tâter le terrain en bon militaire avant d’opérer les manœuvres qui conviennent. Sans doute ce sera bientôt le tour des autorités religieuses et coutumières, des partis et formations politiques et ...des organisations de la société civile. Eh oui, ces fameuses OSC qui ont rarement  autant été au-devant de la scène politique,  qu’elles ont  d’ailleurs littéralement envahie, que ces dernières années.

On se rappelle  en effet comment avant et pendant l’insurrection populaire d’octobre 2014, qui a emporté Blaise Compaoré, les OSC étaient en première ligne de la lutte, au point même d’éclipser les politiciens de métier. Et c’est d’ailleurs avec leur soutien que Yacouba Isaac Zida a pu se hisser au sommet de l’Etat, fût-ce pour trois semaines. Il était devenu, pour ainsi dire, l’obligé des OSC. Une relation quasi incestueuse qui continuera quand il deviendra le Premier ministre du président de la Transition, Michel Kafando. L’omniprésence  des OSC dans le marigot politique burkinabè s’est poursuivie après l’élection de Roch Marc Christian Kaboré en novembre 2015. Ayant pactisé avec ces partenaires plutôt encombrants pour accéder aux affaires,  ce dernier  deviendra, lui-aussi, leur otage. Et il faut craindre que le parasitage de la vie politique se poursuive avec le putsch  et la Transition qui se profile à l’horizon.

On ne le sait que trop, de nombreuses OSC ne sont que les porte-voix  de chapelles et responsables politiques, du pouvoir comme de l’opposition d’ailleurs, et font la politique par procuration, loin des objectifs qui sont censés être les leurs.

Pour beaucoup qui grenouillent à qui mieux mieux dans les eaux troubles de la politique et qui rivalisent de conférences de presse et autres déclarations, c’est même devenu un gagne-pain. Et un tremplin pour une ascension politique et sociale.

Déjà le MPSR n’est pas encore totalement assis que beaucoup font des offres de service et des appels au pied, jouant des coudes pour être aux premiers rangs afin de se faire mieux voir par les nouveaux maîtres du pays.

On espère donc que les jeunes loups de l’armée, instruits par les expériences récentes, sauront éviter ce piège qui pourrait leur compliquer la tâche.

Certes,  quand notre maison commune brûle, tous les porteurs d’eau sont les bienvenus pour éteindre l’incendie. Mais une fois le sinistre circonscrit, ils gagneraient à laisser la place à ceux qui doivent s’occuper de la restauration de l’édifice.

Mon colonel, ne vous laissez donc pas embobiner par ces marchands d’illusions qui ne représentent souvent qu’eux-mêmes et qui cherchent tout simplement à étendre leur linge là où il y a soleil comme on aurait dit du côté de la lagune Ebrié.

 

 

Hugues Richard Sama

 

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