Menu

Etalons : Tous les rêves sont désormais permis

 

Lors d’une édition de la Coupe d’Afrique des nations, alors que les gros bras du football continental tombaient les uns après les autres dès le premier tour ou les huitièmes de finale, Joseph Antoine Bell, ancien international camerounais aujourd’hui consultant sur RFI, répondait à un spécialiste qui s’en étonnait que « la CAN se nourrit de ses favoris ». Autrement dit, les vrais favoris sont ceux qui sont toujours dans la compétition, pas ceux qui sont présumés tels sur papier avant même le début du tournoi.

 

 

 

 

La 33e  édition de la CAN, qui se joue au Cameroun depuis le 9 janvier 2022, n’échappe pas à cette cruelle vérité du terrain  après les sorties prématurées de l’Algérie, tenante du titre, du Nigeria, à qui semblait destiné cette année le trophée, au vu de son rendu du premier tour ou encore de la Côte d’Ivoire. Désormais, parmi les favoris, il y a ceux qu’on n’attendait pas forcément, comme les Etalons du Burkina  qui, ont arraché pour la quatrième fois de leur histoire  leur ticket pour les demi-finales en battant samedi la Tunisie par la plus petite des marques : 1-0. Un petit but de Dango Ouattara dans les arrêts de jeu de la première mi-temps  qui procure un immense bonheur à tout un peuple à qui le coach Kamou Malou a, du reste,  dédiée cette victoire et cette qualification au moment où il connaît une situation difficile. Le match des quarts  se disputait en effet à Garoua, une semaine après le coup d’Etat du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré.  Et vu la joie quasi extatique qui s’est emparée des Burkinabé au coup de sifflet final, on imagine combien cette performance  du onze national va doper leur moral au moment où il est au plus bas.

 

 Bravo donc aux Etalons  qui, par une ruade impressionnante, ont plumé les Aigles de Carthage dont ils sont la bête noire.  Il faut dire qu’ils les «  moyen », pour être trivial. Après 1998  (aux tirs au but) et  2017 (2-0), c’était en effet la troisième fois que les nôtres sortaient les Tunisiens en quarts de CAN.  Mais à dire vrai, ils n’étaient pas nombreux, leurs supporters, même les plus chauvins, qui les voyaient à ce stade de la compétition ; surtout après leur qualification aux huitièmes à l’usure après trois sorties poussives au premier tour. Même si elle regorge de talents certains, on a souvent vu une équipe au jeu décousu, ne pouvant pas construire une stratégie élaborée, assurer les passes, encore moins être lucide et précis dans la finition. « Même les joueurs de quartier font mieux que çà », avaient ainsi lâché quelques langues fourchues.

 

C’est donc après avoir ramé comme des galériens que le capitaine Bertrand Traoré et ses coéquipiers sont parvenus à se hisser au second tour. Et là, comme si un déclic s’était produit, ils ont montré un tout autre visage, plus attrayant et convaincant, une métamorphose qui s’est confirmée samedi dernier. Tout se passe comme s’ils montaient en puissance match après match, même si certaines de leurs lacunes persistent ; comme ces problèmes de finition dans la mesure où on a de bons attaquants mais pas de vrais tueurs qui peuvent conclure  à la moindre occasion ainsi que ces errements   défensifs, une forme de dilettantisme suicidaire, à moins que ce ne soit une trop grande assurance quand on voit la charnière défensive s’amuser dans sa propre surface de réparation, faisant trembler les supporters à tous les coups. Ce fut ainsi le cas avec Edmond Tapsoba à la 34e minute de jeu. Grosse satisfaction cependant, la ligne médiane, ou Blati Touré,  en véritable porteur d’eau, fait un abattage énormissime qui mérite le respect. Le staff technique gagnerait donc  à gommer ces déchets et à apprendre à ses protégés à se concentrer 90 minutes au lieu d’être des intermittents du spectacle si on veut décrocher le Graal au soir du 6 février prochain.

 

Mais bon, sautons une seule haie à la fois car en  attendant, il va falloir franchir l’obstacle sénégalais puisqu’en demi-finale, on doit croiser les crampons contre les  Lions de la Téranga.  En tout cas tous les rêves sont maintenant permis. On caresse  en effet le secret espoir d’une première étoile continentale après la finale perdue contre le Nigeria en 2013. Mais même s’ils ne vont pas jusqu’au bout, on  dira toujours merci aux Etalons de nous avoir au moins fait rêver à une période où la réalité nationale est pleine d’incertitudes et incite à la sinistrose.

 

 

 

Abdoulaye Diallo

 

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut