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Sommet extraordinaire de la CEDEAO : Ouf de soulagement à Ouaga

 

On ne finit plus de compter les sommets extraordinaires de la CEDEAO. Ils se suivent et se ressemblent. Convoqués dans l’urgence, ils se tiennent à pas de course, tellement l’actualité politique brûlante dans la région bouleverse les agendas de ses décideurs.

 

 

 

 

 Rarement cette organisation aura été autant sur la brèche, appelée à colmater les brèches dans des crises politiques à répétition. De fait, en 18 mois, la CEDEAO a dû faire face et continue de faire face à 4 coups d’Etat et 3 tentatives de coup d’Etat dans 5 des 15 pays membres.

 

Obligée de gérer ces urgences, l’organisation régionale en oublie ou presque de dérouler le programme dans la poursuite de ses objectifs stratégiques : l’intégration économique par la libre circulation des personnes et des biens, la création d’une monnaie unique et la lutte contre la pauvreté.

 

Le sommet extraordinaire d’hier à Accra, un de plus, devait statuer principalement sur la situation politique au Burkina induite par le putsch du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). A huis clos, les chefs d’Etat de la région ou leurs représentants, à l’exception de ceux du Burkina, de la Guinée et du Mali, ont écouté le rapport de 2 missions de l’organisation auprès des nouvelles autorités burkinabè. Ce rapport devait faire le point de la situation sécuritaire du pays et de la disposition d’esprit de la junte quant à un retour à un ordre constitutionnel normal.

 

Selon toute vraisemblance, l’exposé de la délégation des chefs d’état-major  des armées et des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’organisation a donné satisfaction au chefs d’Etat qui ont décidé de s’en tenir à la seule suspension du Burkina des instances de la CEDEAO.

 

Le lieutenant-colonel Damiba et tous les Burkinabè peuvent pousser un ouf de soulagement. Ils n’ont à faire face qu’à une sanction a minima de l’organisation régionale. A priori, cette dernière accorde le bénéfice de la bonne foi  aux dirigeants du MPSR, particulièrement à son président. En effet, selon les confidences de certains diplomates qui ont fait partie de la mission de la CEDEAO dépêchée à Ouagadougou les 31 janvier et 1er février dernier, le nouvel homme fort du Burkina aurait fait bonne impression, se montrant « calme, posé et très réceptif aux suggestions et aux propositions ».

 

Cette bonne disposition d’esprit du lieutenant-colonel Damiba, les difficultés économiques actuelles du Burkina, exacerbées par les crises sécuritaire et sanitaire persistantes ont sans doute pesé dans la décision des chefs d’Etat de la CEDEAO de ne pas en rajouter à la sanction infligée au pays des hommes intègres. Mais il y a un mais qui tient à la recommandation faite par les chefs d’Etat aux nouvelles autorités burkinabè de définir un chronogramme raisonnable de sortie de crise et d’un retour à un ordre constitutionnel normal par des élections.

 

C’est de cette question de chronogramme raisonnable que sont nés les désaccords persistants entre le Mali et la CEDEAO et le malaise du côté de la Guinée avec l’organisation. La suite on la connaît :  la CEDEAO a eu la main lourde contre Bamako, et les autorités guinéennes sont dans l’expectative, elles qui se refusent à communiquer un calendrier de sortie de l’Etat d’exception.

 

Alors, Damiba franchira-t-il le Rubicon  d’une transition élastique à la malienne ou jouera-t-il à cache-cache avec la CEDEAO ? En attendant, les conclusions du sommet extraordinaire d’hier font pousser un ouf de soulagement à Ouagadougou, mais pour combien de temps ?

 

 

Zéphirin KPODA

Dernière modification ledimanche, 06 février 2022 20:14

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