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Arrestation du lieutenant-colonel Zoungrana : Le témoignage d’un de ses proches

 

Le 11 janvier 2022, un communiqué du parquet militaire informait l’opinion de l’arrestation de plusieurs personnes pour projet présumé de déstabilisation des institutions de la République. Le cerveau présumé du complot serait le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, écroué à la  Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Le 2 février dernier, une confusion totale a régné sur son sort. Plusieurs informations ont annoncé sa libération provisoire suite à une audience de la Chambre de contrôle de l’instruction. Mais jusqu’au moment où nous écrivions ces lignes, celui qui était jusqu’à son arrestation le chef de corps du 12e Régiment d’infanterie commando n’avait toujours pas humé l’air frais de la liberté. La raison de cela, selon une source proche du dossier, est qu’il fait l’objet d’une nouvelle inculpation. Un argument qui ne convainc pas ses proches qui crient à la cabale judiciaire. L’un d’eux a accepté de nous parler sous le couvert de  l’anonymat.

 

 

 

 

Dans l’entourage du lieutenant-colonel Zoungrana, on  le décrit comme un «homme honnête, brave et travailleur». C’est donc tout naturellement que ses proches ont été surpris en voyant débarquer le 10 janvier 2022 au domicile familial des pandores lourdement armés venus l’arrêter. La perquisition, selon les témoignages, a duré de 16h à 23h. «Il ne se sentait coupable de rien. Il n’a pas protesté malgré les humiliations des gendarmes, lesquels proféraient des injures contre lui et ceux qui étaient présents», raconte notre source qui souhaite rester anonyme «pour des raisons de sécurité». Notre interlocuteur précise que le domicile où vit toujours la mère de l’officier ainsi que la ferme familiale au village ont été également perquisitionnés par les forces de l’ordre. «De l’argent, les véhicules et des objets de valeur n’appartenant pas parfois au lieutenant-colonel ont été emportés sans aucun mandat de perquisition. Jusqu’à présent, nous n’avons aucune nouvelle des objets emportés», relate le témoin.

 

Incarcéré à la MACA, «Al-Qaïda», comme on le surnomme, se porte bien. Même si lui et sa famille sont passés par toutes les émotions le 2 février 2022. Ce jour-là, la Chambre du contrôle de l’instruction, accédant à la requête de ses avocats, a ordonné sa libération provisoire. Le reste relève d’une confusion totale, le parquet militaire n’ayant toujours pas communiqué sur la question. Alors qu’il était censé retrouver les siens, le lieutenant-colonel Zoungrana va être de nouveau arrêté. Il passera la nuit au camp Paspanga avant d’être ramené à la MACA le lendemain.

 

Selon une source judiciaire, le quadragénaire fait désormais l’objet d’une nouvelle inculpation : blanchiment de capitaux. Mais pour ses proches, cette infraction n’est en réalité pas nouvelle puisqu’elle avait été signifiée à l’officier au moment de sa première arrestation et figure dans le premier mandat de dépôt. Toutes ces «manœuvres» sont la preuve, selon son entourage, d’un acharnement judiciaire sur sa personne : «C’est un montage politique puisqu’une dizaine de jours après son arrestation, les vrais putschistes sont passés à l’action».

 

 A ceux qui estiment que l’officier faisait partie du même groupe de militaires qui ont pris le pouvoir le 24 janvier 2022, ce proche dit ceci : « J’ignore tout d’une quelconque participation de sa part à ces événements. Ce qu’il a fait pour son pays est connu de tous. Il s’est battu trois ans en brousse contre l’ennemi, laissant derrière lui sa famille et ses amis. Il était rentré du front sans garde du corps, et visiblement il entendait se reposer après ces trois ans de combat. »

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

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