Menu

Investiture Paul-Henri Damiba: Et maintenant, mon colonel, au front !

Avaient-ils fait exprès ou était-ce simplement le fait du hasard? Les militaires qui ont déposé le président Roch Marc Christian Kaboré auraient tout de suite voulu délivrer un message subliminal à leurs compatriotes qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.

Ce lundi 24 janvier 2022, le jeune capitaine de l’armée de l’air qui a lu la première déclaration du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) s’appelait en effet Ouédraogo Kader Sidsoré. Sidsoré, autrement dit «le chemin de la vérité» pour les locuteurs du mooré.

Après avoir instruit le procès du président déchu qui en 6 ans n’a pas pu enrayer efficacement la spirale terroriste, les putschistes montraient ainsi aux Burkinabè la voie qui semblait pour eux la meilleure pour désensabler le Burkina.

Un peu plus d’un mois après, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et ses frères d’armes sont toujours en train de tracer cette route de la vérité.

48 heures après l’adoption de la Charte et de l’agenda de la Transition par les forces vives de la Nation, le nouveau locataire de Kosyam a été investi hier mercredi 2 mars 2022 comme président de la Transition. Une investiture qui intervient après sa prestation de serment devant le Conseil constitutionnel le 16 février dernier. La légalité et la légitimité républicaines sont donc sauves.

Il ne reste guère que la nomination d’un nouveau Premier ministre civil, la formation d’un gouvernement d’au maximum 25 ministres et la désignation des membres de la future Assemblée nationale pour que la machine soit définitivement en marche.

Encore faut-il que la  durée de  la Transition, fixée à 3 ans par les états généraux de la Nation, rencontre l’assentiment de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce qu’il faut d’ailleurs craindre, c’est que le Burkina s’engage dans un bras de fer à la malienne avec l’organisation sous-régionale si d’aventure ce deadline n’est pas de son goût. Que fera Sandaogo dans ce cas? Engager des pourparlers avec le président  Nana Akufo-Addo et ses homologues pour trouver un terrain d’entente ou rester sur sa chaise de fer parce que la décision aura été prise par le peuple souverain à travers les représentants des couches socioprofessionnelles (partis politiques, OSC, responsables coutumiers et religieux, déplacés internes, etc.) ?

Quoi qu’il en soit, il n’y a plus une minute à perdre pour le nouveau maître du pays dont l’investiture intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des actes terroristes à travers le territoire national. Le cas le plus emblématique de ce pourrissement de la situation sécuritaire est celui de la ville de  Djibo, encerclée ces derniers temps par les forces du Mal.

Le lieutenant-colonel Damiba est bien payé pour savoir que c’est à l’aune de ses succès sur le terrain qu’il sera jugé.

Combien de localités occupées seront libérées d’ici 6 mois ? Combien de personnes déplacées vont retrouver leur patelin d’ici là ? Combien d’écoles, de CSPS et d’autres services administratifs vont rouvrir ? C’est à cela qu’on saura ce que valent  réellement les militaires qui ont pris le pouvoir. Mon colonel, il faut donc maintenant monter au front, et vite, si vous ne voulez pas que l’espoir qu’a suscité votre entrée fracassante sur la scène politique nationale vire à la désillusion.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification ledimanche, 06 mars 2022 21:27

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut