Menu

Une lettre pour Laye : Les députés de la Transition convoqués lundi ?

 

Cher Wambi,

 

Près de deux mois après le putsch du Mouvement patriotique pour le salut et la restauration (MPSR) qui a balayé le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, la Transition burkinabè se met tout doucement en place. Le président du Faso a prêté serment le 16 février devant le conseil constitutionnel et a été investi le 2 mars courant. Dans la foulée, dès le lendemain, le Dr Albert Ouédraogo a été nommé Premier ministre.  La composition du gouvernement a été dévoilée dans la nuit du samedi 5 mars.

 

 

Si l’Exécutif est en ordre de bataille, tel n’est pas le cas du pouvoir législatif. Le processus de désignation des membres de l’Assemblée législative de la Transition (ALT) n’a pas été un long fleuve tranquille tant il y a eu souvent, par ci et par là, de véritables foires d’empoigne.  Que de gorges chaudes autour du choix des « députés ». Dans certaines régions, on a vu des gens désignés dans un premier temps mais qui ont très vite été désavoués dans un second temps. Le cas le plus emblématique est celui d’Alexandre Le Grand Rouamba à Koudougou dans la région du Centre-Ouest. Alexandre a été très vite rattrapé par ses détracteurs qui ont fait des pieds et des mains pour annuler sa désignation parce qu’il serait, selon eux, un militant ou un proche de l’ancien parti au pouvoir. Alexandre out, place donc à Saïdou Koanda, le président  du Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest.

 

Dans certaines régions comme le Centre-Nord, il y a eu des coups de poings lors de la désignation du représentant. Banfora non plus, dans les Cascades, n’a pas fait l’économie d’une contestation. C’est le même micmac au niveau des artistes dont une frange rejette catégoriquement le procédé de désignation de leur représentant.

 

Quand on sait que toutes ces guerres de positionnement se déroulent dans un contexte de drame sécuritaire et humanitaire, on ne peut que s’interroger sur l’intérêt que l’ALT accordera  au  sort des populations en proie au terrorisme.  

 

 

 

Cher cousin, si la gestion a été difficile, tant bien que mal, l’accouchement a pu avoir lieu. Selon des informations qui me sont parvenues, la liste  des 71 députés de la Transition a été élaborée et transmise aux autorités compétentes pour les enquêtes de moralité. Il semble que ces enquêtes ont été bouclées hier. Si le calendrier initial prévoyait de réunir les « élus » désignés dès ce vendredi même, il semble qu’il y a eu un glissement dans l’agenda. C’est ainsi que, sauf changement de dernière minute, cette première réunion devrait se tenir le lundi 21 mars 2022.

 

En principe, c’est lors de cette première rencontre que sera élu le président de l’Assemblée législative de la Transition. Il y a des noms qui circulent mais je préfère m’abstenir de faire des pronostics. Ce qui est certain, c’est le président du Faso qui sortira de son béret, pardon de son chapeau, le nom de l’heureux gagnant qui devrait, comme une lettre à la poste, passer sans problème.

 

 

 

Oui, mais cher Wambi, combien nous coûtera un député de l’ALT ? Voici une question dont tout le monde brûle d’impatience de connaître la réponse. Si le comité technique avait préconisé que le mandat soit gratuit et que seulement des indemnités de session soient versées aux députés, cette recommandation, comme tu le sais, a été catégoriquement et vite rejetée par les Organisations de la société civile (OSC) lors des Assises nationales. Ainsi, en plus des indemnités de session, les députés vont toucher des émoluments.

 

Des chiffres ont été avancés dans la presse même s’il se trouve des gens qui les contestent. Je me souviens qu’à la clôture des Assises nationales, le président de ce jamborée, l’ancien Premier ministre Tertius Zongo avait interpellé le chef de l’Etat, Paul-Henri Sandaogo Damiba,  pour qu’il use de son pouvoir, au regard de la situation du pays,  pour réajuster, encadrer la rémunération des députés.

 

Je veux bien y croire cher cousin, seulement, dans la tradition du Parlement, au nom même de la séparation des pouvoirs, ce sont les parlementaires qui décident des montants de leurs émoluments et de leurs indemnités de session. C’est dire qu’en principe, l’Exécutif ne devrait pas y interférer.

 

Alors à qui reviendra le dernier mot sur cette question des émoluments des députés qui cristallisent l’attention des Burkinabè dans ce contexte national marqué par l’insécurité, la crise alimentaire qui se profile, la flambée des prix des produits de grande  consommation et par l’enregistrement de près de 2 millions de déplacés internes à cause du terrorisme ?

 

Et preuve que le Parlement sera bientôt en état de fonctionnement, la police nationale à laquelle revient la sécurité du président de l’Assemblée nationale, a depuis quelques jours pris position devant le domicile officiel affecté à tout titulaire du perchoir. Comme tu le sais, le lieutenant-colonel Damiba a mis fin au système de garde mixte composée de militaires, de gendarmes et de policiers. Désormais, c’est l’armée de terre qui prend soin de la sécurité du président du Faso. La gendarmerie nationale, elle, s’occupe du Premier ministre tandis que la police nationale assure la tranquillité du président du Parlement.

 

 

 

On ne le dira jamais assez, cher Wambi, le monde est devenu un village planétaire, selon les prévisions de McLuhan, théoricien de la communication,  dans son ouvrage « The Medium is the Message » paru en 1967.

 

Ainsi, ce qui se passe à 10 000 kilomètres du Burkina Faso peut avoir des répercussions sur le panier de la ménagère de Laye. C’est pourquoi il faut s’attendre d’ici là à ce que le pain dont nous ne pourrons plus nous passer perde quelques grammes ; et pour cette raison : 30% du blé consommés dans le monde proviennent de la Russie et surtout de l’Ukraine, deux pays actuellement dans une guerre effroyable. On dit également que ce sont les pays du Maghreb et l’Egypte qui vont surtout pâtir de la situation compte tenu de leur régime alimentaire fait  de pain et de pâte à base de blé.

 

Mais nous également on va en baver, car il faut craindre que prochainement le prix du carburant grimpe vu  que la Russie en est un gros exportateur.

 

Mais dans l’immédiat, la situation de nos déplacés internes pourrait s’aggraver du fait que les ONG qui leur viennent en aide vont devoir consacrer de leurs moyens aux réfugiés ukrainiens qui se déversent par vagues successives sur la Pologne et les autres pays environnants.

 

Mais, cher cousin,  je dirai qu’il y a pire si je devais prêcher pour la chapelle de mon oncle Nakibeuogo.

 

En effet, cette guerre russo-ukrainienne va aggraver sérieusement la crise du papier journal dont les prémices se faisaient sentir avant l’éclatement du conflit.  Cette crise est, elle aussi, mondiale.

 

 

 

Cher Wambi, les nouvelles en provenance des zones en proie à l’insécurité ne sont pas bonnes. Et là, pas du tout.

 

En effet, ces derniers jours ont été en effet marqués par une recrudescence des  actions terroristes avec leurs lots de civils et de gendarmes tués. C’est le cas de l’embuscade survenue le 13 mars dernier sur l’axe Dori-Taparko contre une équipe du 13e escadron de gendarmerie mobile dont treize éléments sont tombés et cinq autres blessés. Le même jour, un car de transport en commun a sauté sur une mine artisanale, causant la mort de deux passagers. Le lendemain 14 mars, ce sont sept personnes dont quatre Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui ont été tuées au cours d’une série d’attaques contre des fontaines. Dans la nuit du 15 au 16 mars, c’est le chef VDP de Falangoutou et sa femme qui ont été assassinés à domicile.

 

A tout cela s’ajoutent les fatwas contre les populations locales sommées de quitter leurs patelins sous peine de subir les foudres des terroristes. Comme c’est le cas à Soin, à Nouna et dernièrement à Namsiguima qui se vident de leurs habitants.  

 

C’est dans ce contexte de persistance des exactions des groupes armés que le chef suprême des armées, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a pris un décret portant mobilisation des anciens militaires (sous-officiers et hommes du rang) admis à la retraite au cours de ces trois dernières années. Selon une source sécuritaire, le recours aux soldats de la réserve était déjà dans les tuyaux en 2019 mais n’a pu être mis en exécution du fait de la réticence d’une partie de la hiérarchie militaire.

 

Cher cousin, dès la publication du décret, j’ai voulu en savoir davantage sur les modalités de sa mise en œuvre. Par exemple, ces réservistes seront-ils directement déployés sur les théâtres d’opération ou vont-ils  être affectés à d’autres missions dans les casernes afin de suppléer leurs jeunes frères d’armes appelés à se rendre au front ? Mais je n’ai pu avoir de réponses à mes questions puisque le décret d’application ne serait pas encore pris.

 

En attendant, cher Wambi, sache que ce n’est pas la première fois dans l’histoire de notre armée que l’on fait appel aux anciens.

 

En effet, lors de la première guerre entre la Haute-Volta  et le Mali en 1974,  il a été fait appel à des réservistes constitués, entre autres, de vétérans des guerres d’Indochine et d’Algérie mais aussi à des civils qui avaient accompli le service militaire.  

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante particulièrement indigent cette semaine.

 

 

 

 

- Sale temps pour Adama Kouraogo, le directeur général de l’Office national de la sécurité routière (ONASER). En effet, depuis le mercredi 16 mars 2022, il est placé sous les verrous dans le cadre d’une procédure judiciaire à son encontre. Dans la foulée, hier soir, on a également appris que Bernard Beba, le secrétaire général du ministère des Transports, a été à son tour arrêté et incarcéré. On ne sait pas pour l’instant si les deux arrestations ont été effectuées dans le cadre de la même affaire ou s’il s’agit de dossiers judiciaires séparés. Tout cela parce que, pour l’heure, peu de choses filtrent sur l’objet de la plainte qui vise l’un et l’autre.

 

 

 

- Plus d’une décennie après sa dernière venue au Burkina, sauf erreur ou omission de notre part, la diva de la musique ivoirienne, Aïcha Koné, va de nouveau fouler le sol du pays des hommes intègres le mercredi 23 mars 2022.  Cette visite s’inscrit dans le cadre de la célébration  des dix ans de carrière musicale de « l’artiste du peuple »,  Almamy KJ, comme il se fait appeler.   Cela se comprend aisément  puisque  dans son 4e et dernier album, KJ a réalisé un featuring avec Aïcha Koné. L’album est baptisé « Madame Afrique » dont le clip a été réalisé entre Abidjan et Ouaga.

 

Cette œuvre discographique compte 14 titres chantés en français et en langues locales (dioula, mooré, fulfuldé…).

 

Pour marquer sa première décennie dans la musique, Almamy, de son vrai nom Kader Ouattara, organise  un  concert à la hauteur de l’évènement le samedi 26 mars prochain à l’Espace 1 000 places du CENASA. Outre la diva de la musique ivoirienne, Almamy KJ sera accompagné  sur scène par Amity Méria, Nana Sabary, Blaaz et bien d’autres. Pour assister à ce spectacle, une contribution de 1 000 F est demandée au public.

 

 

 

- Grandes retrouvailles traditionnelles, amicales et familiales ce samedi 19 mars 2022 à partir de 8h00 à Pakala dans les encablures ouest de Garango.

 

C’est en effet ce jour que le Nâ Tégré, chef de Pakala, fête sa deuxième cérémonie coutumière du Hangar ou «Lenga».

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 Passek Taalé

Dernière modification lelundi, 21 mars 2022 23:04

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut