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Ibrahim Traoré désigné président de la Transition : Un choix le fusil à la tempe ?

 

Nous avons donc un nouveau président ! Après avoir chassé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandogo Damiba le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré s’est fait désigner président du Faso le vendredi 14 octobre courant par les Assises nationales convoquées à cette fin. Sans surprise.

 

 

Il faut dire que les quelque trois cents représentants des forces vives de la nation, dont un bon tiers choisi par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration et l’Armée, n’avaient pas vraiment d’autre choix. Alors que le jeune officier subalterne de 34 ans avait, dès sa prise de pouvoir, clairement indiqué qu’il remettrait les clés du Palais de Kosyam à « un civil ou un militaire » qui aura eu les faveurs des Etats généraux de la Nation, il semble avoir très rapidement changé de position, au point, qui sait, d’instrumentaliser la rue ;  la même rue qui lui avait permis deux semaines plus tôt de terminer sa manœuvre. « Traoré ou rien », n’ont en effet eu de cesse de scander avant et pendant des manifestants acquis à la cause du capitaine et qui se sont faits même  menaçants aux abords de la salle de conférences de Ouaga 2000 où se tenait le conclave. Personne, éructaient certains, n’en sortirait vivant et les véhicules seraient incendiés si jamais...

 

 

Atmosphère surchauffée donc à l’extérieur de la salle, climat plus civilisé à l’intérieur quoique les « débats » se soient passés dans la plus pure tradition bolchévique selon certains participants. Pour ainsi dire, c’est comme si les membres de cette auguste assemblée décidaient un fusil collé à la tempe, un peu comme des aveux extorqués sous la violence. Et c’est ça qui est gênant, pas le choix en lui-même puisqu’en  temps normal, le désormais président du Faso (sous réserve d’investiture), n’aurait même pas eu besoin de s’encombrer de tous ces artifices juridiques de « l’Etat de droit d’exception ». N’oublions pas qu’il devait être « désigné » et il l’a été, pas élu et l’article 5 du projet de nouvelle Charte de la Transition  rectifiée avait déjà pipé les dés. Il ne restait guère plus pour les forces …vides qu’à se mettre au garde-à-vous et à exécuter l’ordre « sans hésitation ni murmure ». 

 

 

Devant l’inflation des prétentions, souvent suscitées,  de ceux ou celles qui se sont (re)découverts un destin présidentiel mais qui savent pertinemment qu’ils n’y arriveront jamais par les urnes, nous étions d’ailleurs de ceux qui pensaient que, tant qu’à faire, l’homme du 30-Septembre, quitte à commettre son premier parjure,  n’avait qu’à garder la chose pour laquelle il s’était battu. Mais pas de cette façon, pas en embrigadant des idiots utiles qui peuvent très rapidement, constituer un boulet à ses rangers, voire se retourner contre lui si leurs desseins, pas toujours avoués,  n’étaient pas satisfaits.

 

 

Quand on voit cette foule bigarrée brandissant des drapeaux russes sur fond de talibanisation rampante, on se demande en effet si le piège ne va se refermer sur IB, s’il  a encore d’autre choix que de céder à la Tentation de Moscou qui est pourtant loin d’être la panacée au cancer terroriste qui nous ronge. Bien au contraire. On ne le sait que trop d’ailleurs, Wagner, le groupe de mercenaires champion du monde de l’intox et de l’infox, est la main invisible qui, de Roch à Traoré en passant par Damiba, chauffe à blanc sa cinquième colonne burkinabè, quitte à accentuer nos divisions pour parvenir à ses fins funestes. Et il y est presque, sans qu’on ne sache trop où le nouvel homme fort du Burkina trouvera les ressources pour rétribuer des barbouzes qui se font payer à coup de concessions minières.  Mais ça, c’est une autre affaire.

 

 

En attendant, Wagner ou pas, Ibra sait qu’il n’a pas droit à l’erreur s’il ne veut pas connaître, pour le malheur du Burkina, le même sort que Damiba. Car tout ce que les Burkinabè lui demandent, ce sont des résultats dans la reconquête de ce territoire dont la moitié est aujourd’hui occupée par la vermine terroriste, c’est la résorption du drame humanitaire et le retour progressif des personnes déplacées internes dans leur patelin d’origine. C’est largement suffisant comme lettre de mission pour les vingt prochains mois et il ne sert à rien de se disperser et de se laisser distraire « même si tout est urgent ». Encore faut-il d’ailleurs qu’il puisse s’affranchir de la tutelle qui peut s’avérer pesante, voire mortifère, de ses parrains, militaires comme civils, qui ont contribué à le faire roi et qui, pour certains, peuvent se sentir trahis par le revirement spectaculaire du nouveau chef de l’Etat qui semble avoir roulé son petit monde dans la farine. Déjà !

 

 

En un mot comme en mille, il va lui falloir bien manœuvrer pour ne pas perdre les commandes ; il lui faut savoir tirer leçon des errements de l’exilé de Lomé pour ne pas tomber dans les mêmes travers. On se gardera donc pour le moment de chanter « hosanna », cela d’autant plus que l’ennemi qui ne connaît ni Transition, ni coup d’Etat, ni Assises poursuit allègrement sa funeste œuvre de destruction. N’a-t-il pas, à sa façon, souhaité une sanglante bienvenue à notre nouveau messie par une embuscade qui  a tué  le samedi 15 octobre une douzaine de militaires et de VDP à Silmangué dans le Namentenga ? Après avoir fait le procès de Sandaogo, mon capitaine qui était au plus près des unités combattantes, qui est de ce fait censé connaître à la perfection les défauts de notre cuirasse, est  donc très bien placé pour savoir que seuls des résultats probants sur le terrain le sauveront. Pas la politique politicienne de Ouaga comme on en a eu un aperçu ce week-end.

 

 

 

La Rédaction

 

Dernière modification lelundi, 17 octobre 2022 21:51

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