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Déclaration du Rassemblement patriotique pour le développement (RPD) sur la situation nationale

 

L’aggravation de la crise sécuritaire et les tensions politiques à répétition  qui perduraient depuis quelques mois ont connu leur épilogue le 24 janvier 2022 par la prise du pouvoir par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).

Le Rassemblement patriotique pour le développement (RPD), attaché aux valeurs démocratiques et à l’Etat de droit, a constaté à son corps défendant, l’enlisement de la situation sécuritaire, le pourrissement du climat sociopolitique et l’atteinte aux libertés publiques. Bien que récemment créé, le RPD à travers ses déclarations publiques a lancé des appels en vue d’un sursaut patriotique pour combattre le terrorisme, instaurer un véritable dialogue national inclusif qui va au-delà des cadres formels institutionnels, pour créer une synergie entre tous les Burkinabè quelles que soient leurs diversités, afin de trouver un consensus engageant toutes les filles et tous les fils de la nation pour combattre les forces du Mal par la mise en place d’un gouvernement resserré mais aussi d’union, capable de créer un sursaut national pour relever les défis du pays.

- Constatant la destitution du Chef de l’Etat, la dissolution du Parlement et du gouvernement par le MPSR qui met fin à l’expérience démocratique de notre pays depuis le 24 janvier ;

- Prenant en compte la substance de la déclaration de prise du pouvoir du MPSR dans laquelle des garanties et des gages de bonne foi sont proclamés pour mettre un terme au délitement de l’Etat menacé par les avancées du terrorisme sur l’ensemble du territoire, les menaces qui pèsent sur la cohésion sociale et l’unité nationale ;

- Prenant en compte la parole d’honneur des jeunes officiers qui s’engagent à proposer dans un délai raisonnable, après consultation des forces vives de la Nation, un calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous ;

- Conscient qu’il faut absolument préserver les intérêts supérieurs de la Nation afin d’éviter le chaos politique, économique et social ;

Le RPD prend acte de la proclamation du 24 janvier 2022, exprime sa disponibilité à accompagner le MPSR dans la mise en œuvre de son orientation politique fondée sur la sauvegarde des intérêts supérieurs du peuple burkinabè, la restauration de l’Etat, de son autorité et de son rayonnement ainsi que du retour à une vie constitutionnelle respectant les standards démocratiques internationaux.

Le RPD, dans l’attente de fournir au MPSR un document plus fourni, propose les grandes lignes d’un schéma de sortie de crise suivant, dont l’exécution ne devrait pas excéder 24 mois :

1) La convocation des assises nationales pour adopter une charte de la période de Transition où les rôles de chacun des acteurs majeurs seront définis et lesquelles concertations devraient intervenir dans les meilleurs délais ;

2) La transformation du MPSR comme l’organe dirigeant, de contrôle et de veille de la Transition. Toutes choses qui nous éviteraient la création d’organes législatifs ou de consultations dont l’expérience nous montre qu’ils sont budgétivores, bureaucratiques et même pouvant bloquer le processus ;

3) La mise en place d’un exécutif restreint mais ouvert et composé d’hommes et de femmes intègres et compétents qui ne seront pas éligibles aux futures élections. Le gouvernement devrait être dirigé par un Premier ministre civil aux pouvoirs renforcés soumis à l’autorité du président du MPSR. Le gouvernement légiférera par ordonnance ;

4) La refondation et la rationalisation des institutions pour les adapter aux enjeux du futur ;

5) Une politique de défense innovante, inventive, adaptée et à caractère populaire pour la libération totale du territoire dans les meilleurs délais ;

6) Une politique d’urgence humanitaire clairement définie et les moyens adéquats à déployer pour les personnes déplacées avant le début de l’hivernage ;

7) La mise en œuvre des politiques de lutte contre la corruption et la fraude par le renforcement des mécanismes d’intervention et les moyens d’action de l’ASCE/LC en vue d’instaurer rapidement une gouvernance vertueuse et intègre du sommet à la base ;

8) La garantie des libertés publiques et notamment des libertés électroniques ;

9) Le retour de toutes les personnes exilées ;

10) Le parachèvement du processus de la Réconciliation nationale ;

11) Une amnistie pour les membres du MPSR.

Le BEN du RPD invite les Burkinabè au-delà de ce qu’ils peuvent ressentir, au calme et à l’union autour du MPSR pour une Transition rapide réussie et créant les nouvelles bases de notre vivre-ensemble. C’est pourquoi, nous appelons à un véritable sursaut patriotique, pour mettre en avant les intérêts supérieurs de la Nation pour donner cette fois-ci une chance à la Transition qui débouchera sur une nouvelle ère démocratique et de développement durable. Sachons nous élever au-dessus de nos rancœurs, de nos haines et de nos préjugés pour reconstruire une société de solidarité et de fraternité.

Chaque peuple a son histoire. Mais tous les peuples ont le devoir de construire l’avenir dans l’unité pour les générations futures.

 

Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

 

RPD S’UNIR POUR BÂTIR !

 

Ouagadougou le 25 janvier 2022

 

Pour Le Bureau exécutif national

Dr Beyon Luc Adolphe TIAO

Grand officier de l’ordre de l’Etalon

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MPSR: Le colonel Damiba et le piège des OSC

Après son coup d’Etat du lundi 24 janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba prend petit à petit ses marques et échange beaucoup. Il était, mardi, avec la hiérarchie militaire et les secrétaires généraux des ministères, chargés de l’expédition des affaires courantes. Hier mercredi, c’était le tour des patrons des corps paramilitaires (douane, police nationale, police municipale, GSP, Eaux et forêts) puis celui des membres du dernier gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré.

Concertations tous azimuts donc au camp Baba Sy, devenu le quartier général du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dont le nouvel homme fort du Burkina se trouve d’ailleurs être le chef de corps.  

Pour le chef du MPSR, c’est un ballet des forces vives de la Nation pour tâter le terrain en bon militaire avant d’opérer les manœuvres qui conviennent. Sans doute ce sera bientôt le tour des autorités religieuses et coutumières, des partis et formations politiques et ...des organisations de la société civile. Eh oui, ces fameuses OSC qui ont rarement  autant été au-devant de la scène politique,  qu’elles ont  d’ailleurs littéralement envahie, que ces dernières années.

On se rappelle  en effet comment avant et pendant l’insurrection populaire d’octobre 2014, qui a emporté Blaise Compaoré, les OSC étaient en première ligne de la lutte, au point même d’éclipser les politiciens de métier. Et c’est d’ailleurs avec leur soutien que Yacouba Isaac Zida a pu se hisser au sommet de l’Etat, fût-ce pour trois semaines. Il était devenu, pour ainsi dire, l’obligé des OSC. Une relation quasi incestueuse qui continuera quand il deviendra le Premier ministre du président de la Transition, Michel Kafando. L’omniprésence  des OSC dans le marigot politique burkinabè s’est poursuivie après l’élection de Roch Marc Christian Kaboré en novembre 2015. Ayant pactisé avec ces partenaires plutôt encombrants pour accéder aux affaires,  ce dernier  deviendra, lui-aussi, leur otage. Et il faut craindre que le parasitage de la vie politique se poursuive avec le putsch  et la Transition qui se profile à l’horizon.

On ne le sait que trop, de nombreuses OSC ne sont que les porte-voix  de chapelles et responsables politiques, du pouvoir comme de l’opposition d’ailleurs, et font la politique par procuration, loin des objectifs qui sont censés être les leurs.

Pour beaucoup qui grenouillent à qui mieux mieux dans les eaux troubles de la politique et qui rivalisent de conférences de presse et autres déclarations, c’est même devenu un gagne-pain. Et un tremplin pour une ascension politique et sociale.

Déjà le MPSR n’est pas encore totalement assis que beaucoup font des offres de service et des appels au pied, jouant des coudes pour être aux premiers rangs afin de se faire mieux voir par les nouveaux maîtres du pays.

On espère donc que les jeunes loups de l’armée, instruits par les expériences récentes, sauront éviter ce piège qui pourrait leur compliquer la tâche.

Certes,  quand notre maison commune brûle, tous les porteurs d’eau sont les bienvenus pour éteindre l’incendie. Mais une fois le sinistre circonscrit, ils gagneraient à laisser la place à ceux qui doivent s’occuper de la restauration de l’édifice.

Mon colonel, ne vous laissez donc pas embobiner par ces marchands d’illusions qui ne représentent souvent qu’eux-mêmes et qui cherchent tout simplement à étendre leur linge là où il y a soleil comme on aurait dit du côté de la lagune Ebrié.

 

 

Hugues Richard Sama

 

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