Lutte contre le terrorisme dans le G5 Sahel : « Des progrès » pas si visibles que ça !
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Le 13 janvier 2020 à Pau, dans le sud-ouest de la France, les chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel déféraient à la convocation du locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron, pour non seulement clarifier leurs positions sur la montée du sentiment antifrançais au sein de leurs populations mais aussi redéfinir leur coopération civilo-militaire.
De ce conclave, dans les Pyrénées-Atlantiques, tenu sous une certaine haute tension était sorti un nouveau cadre antiterroriste articulé autour de quatre piliers : le premier, stratégique et militaire, le deuxième, relatif à la formation des armées sahéliennes, le troisième, axé sur le retour de l’Etat et de l’administration dans les zones où ils avaient disparu du fait de l’avancée des groupes terroristes et le quatrième, relatif aux projets et programmes de développement.
Six mois donc après, c’est une rencontre sur la consolidation du « sursaut militaire » enclenché depuis la réunion Pau qui s’est tenue hier mardi 30 juin 2020 à Nouakchott, en présence des chefs d’Etat du G5 Sahel, de leur homologue français, du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, du Premier ministre espagnol, Pedro Sanshez.
Ont également participé à cette rencontre grâce à la magie de la vidéoconférence la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil italien, Giuseppe Conte. Du beau linge de nouveau au chevet du Sahel.
Un semestre donc après les engagements de Pau, où en est-on ?
Si l’on en croit les illustres participants aux retrouvailles de Nouakchott, des progrès importants auraient été enregistrés depuis, à commencer par le renforcement des effectifs de Barkhane qui passent de 4 500 à 5 100 hommes, la mise en place d’un état-major commun, un meilleur partage des renseignements et des succès militaires dans la zone dite des « trois frontières » où sévit l’Etat islamique au Grand Sahara, véritable no man’s land sur lequel plus d’efforts devraient être concentrés selon une résolution issue de la rencontre de Pau.
Sur le plan opérationnel, des territoires entiers ont été repris aux terroristes dans ce triangle de feu et de sang, et il s’agit de stabiliser la situation pour ne pas céder de nouveau le terrain à l’ennemi.
Cerise sur le gâteau, s’il en est, Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, a été neutralisé début juin au Mali.
Pour autant, on aurait tort de se gargariser de ces succès qui apparaissent comme autant de coups d’épée dans l’eau tant la réalité sur le terrain reste des plus préoccupantes.
Tant chez les populations du centre du Mali que du Centre-Nord, du Sahel et de l’est burkinabè le sentiment d’insécurité, voire d’abandon, est encore la chose la mieux partagée.
Et du fin fond de Pama, Djibo, Barsalogho, pour ne citer que ces localités martyres, les oreilles de ceux qui y habitent encore ont dû siffler quand la rencontre de Nouakchott a parlé de progrès.
Ils ne pourront être vraiment sur la même longueur d’onde que Macron et ses pairs du G5 Sahel que lorsque les millions de déplacés internes au Mali, Niger et Burkina Faso, qui survivent dans la précarité dans les camps de fortune, auront réintégré leurs patelins sécurisés et débarrassés de la vermine.
Or on en est hélas encore loin, car chaque jour que Dieu fait, de nouvelles PDI, ainsi qu’on appelle les déplacés internes, grossissent les rangs des pauvres hères qui ont déjà fui leurs villages d’origine pour sauver leur nez, comme on le dit chez nous.
Alain Saint Robespierre
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