Sommet CEDEAO sur le Mali : Le colonel Goïta à Accra comme à Canossa
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On croirait que le vieil homme ne supportait pas de voir son pays s’enliser politiquement. Alors que la junte militaire malienne qui a renversé Ibrahim Boubacar Kéïta le 18 août dernier était hier mardi 15 septembre 2020 en pourparlers à Accra au sujet du modus operandi de la Transition, le général Moussa Traoré s’est éteint à Bamako à 84 ans ; d’une mort naturelle pour lui qui avait été condamné à la peine capitale à deux reprises pour l’ensemble des œuvres politiques et économiques avant d’être gracié.
C’est en novembre 1968 qu’il fit irruption sur la scène politique en chassant du pouvoir le père de la nation, Modibo Kéïta. Dès lors, une chape de plomb s’abattit sur le pays qu’il a dirigé d’une main de fer pendant 23 ans. Jusqu’à ce qu’il soit à son tour déposé par le colonel Amadou Toumani Touré qui a surfé sur la vague de contestation populaire à l’approche de la démocratisation du Mali.
On se souvient notamment de la répression sanglante de la manifestation estudiantine du 22 mars 1991 suivie quatre jours plus tard par la prise du pouvoir par ATT.
On pourrait d’ailleurs y déceler quelques similitudes avec l’avènement du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) consécutif aux trois mois de contestation qui avaient fini par fragiliser le locataire du palais de Koulouba.
Mais comme c’est souvent le cas, l’autocrate Moussa Traoré était de la race de ceux que l’on regrette d’avoir destitués. Comme en RDC avec Mobutu, en Irak avec Saddam Hussein, en Libye avec Kadhafi. A tel point que GMT, comme on appelait le défunt président malien, au soir de sa vie, était devenu une autorité morale très populaire et incontournable qu’on consultait, comme Diogène dans son tonneau.
Rien qu’à la faveur de ces derniers soubresauts, le gourou du M5, l’imam Mamoud Dicko, a effectué un pèlerinage à son domicile de même que la junte, sans compter les nombreux visiteurs d’un soir.
Moussa Traoré rend l’âme au moment où ses avis auraient été particulièrement précieux pour le CNSP actuellement au milieu du gué en plein Djoliba. La présence, hier, de son chef, le colonel Assimi Goïta, dans la capitale ghanéenne n’aura pas suffi à persuader les chefs d’Etat membres de le CEDAEO de la pertinence de la Charte issue de la concertation des forces vives maliennes qui s’est achevée dimanche dernier. Nana Akufo-Addo et ses pairs ayant rejeté le plan de Transition présenté par les militaires.
Pas question que la Transition excède douze mois, pas question non plus que le président et le Premier ministre de cette même Transition soient en treillis. Tirs de barrage donc de l’organisation sous-régionale qui avait lancé jusqu’à hier un ultimatum à la junte pour nommer un président et un chef de gouvernement tous civils.
Ce n’est donc pas à Accra, mais plutôt à Canossa que le colonel Goïta s’est rendu.
La question que l’on se pose est de savoir si la soldatesque va retourner dans la caserne la tête basse et la queue entre les jambes ou prendre le risque de braver la CEDEAO qui exclut toute idée de levée ou même d’assouplissement des sanctions imposées tant que sa volonté ne sera pas faite.
Alain Saint Robespierre
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