Prestation de serment: Que va faire Sandaogo de son naam?
- Écrit par Webmaster Obs
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Le voilà désormais paré de toute la légitimité et de toute la légalité républicaines. N’en déplaise aux constitutionnalistes et aux juristes à la petite semaine qui y sont allés chacun de ses thèses libres : les uns pour soutenir l’acte du conseil constitutionnel, reconnaissant le lieutenant-colonel comme Président du Faso et l’invitant à prêter serment le 16 février 2022 ; les autres pour crier haro sur le «baudet» Kassoum Kambou et ses collègues qui auraient «tué la constitution» par leur décision d’adouber un coup de force militaire.
C’est un juridisme qui confine, il est vrai, à un débat d’arrière-garde, s’agissant d’un pouvoir qui est né du fracas des armes. Ne dit-on pas d’ailleurs que c’est le fait qui génère le droit?
Avec la prestation de serment d’hier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba pose un petit coup de vernis légal sur la kalachnikov qui lui a permis de s’installer au palais de Kosyam.
Au-delà de ces polémiques à la limite du droit et de la politique, le plus important, c’est ce que Sandaogo va faire de son naam.
C’est bien connu que c’est la détérioration continue du climat sécuritaire qui a servi de détonateur au coup d’Etat du 24 janvier.
Plus que quiconque, le nouveau Président du Faso sait à quel point ses compatriotes l’attendent de pied ferme sur les questions sécuritaires mais aussi sur la gouvernance et la lutte contre la corruption. Et c’est notamment au nombre de localités reconquises, de personnes déplacées internes retournées dans leur patelin d’origine, de classes et de CSPS rouvertes, de l’effectivité du retour de l’administration qu’on jugera son action.
Pour y arriver, le soldat Damiba compte, entre autres, dans son plan de bataille, organiser l’ensemble des forces combattantes; redynamiser la connexion entre la fonction renseignement et les opérations sur le terrain et rendre le soutien logistique plus flexible pour mieux l’adapter à la nature de la menace.
La cérémonie d’investiture intervenait dans un contexte marqué par une certaine recrudescence des attaques terroristes à travers le territoire national. Bagaré dans le Passoré, Gnangdin dans le Boulgou, Fada dans le Gourma, Namounou dans la Tapoa et Yondé dans le Koulpélogo figurent parmi les localités visitées par les forces du Mal ces derniers jours.
Le chef suprême des armées avait du reste effectué une visite au front dans la région du Nord, où l’étau terroriste était tout aussi étouffant, pour saluer l’effort de la troupe et remobiliser les hommes pour les offensives futures.Un déplacement qu’il faut sans doute saluer en espérant que ce n’était pas une simple action de communication pour marquer la césure avec l’ancien pouvoir.
Hasard du calendrier, la prestation de serment du chef du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) intervient également alors que se joue à Paris l’avenir des forces françaises Barkhane et européennes Takuba qui fait l’objet d’un sommet et d’un dîner qui a réuni hier autour du Président Emmanuel Macron et notamment ses pairs du G5 Sahel fréquentables en ce moment,à savoir le Nigérien Mohamed Bazoum, le Tchadien Mahamat Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani.
Les grandes questions politiques et diplomatiques se dénouant souvent au cours d’un repas, on ne sait pas ce que l’aimable amphitryon Jupiter et ses commensaux triés sur le volet auront finalement décidé au bout de la nuit, entre la poire et le fromage. Mais ça ne pourrait qu’impacter dans un sens comme dans l’autre la lutte contre le terrorisme au Sahel et donc au Burkina.
La question se pose d’ailleurs de savoir si le nouveau pouvoir en place à Ouagadougou va poursuivre dans la dynamique du partenariat avec l’Hexagone ou s’il succombera à la tentation de Goïta de rompre avec la «douce et généreuse France».
Hugues Richard Sama