Election présidentielle au Nigeria : Qui pour succéder à ‘’Baba go slow ’’ ?
- Écrit par Webmaster Obs
- Publié dans Regard sur l'actualité
- Lu 2110 fois
- Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
- Imprimer
- Ajouter un commentaire
Faites vos jeux. Rien ne va plus. La campagne électorale est close. 94 millions de Nigérians sont appelés à faire parler les urnes pour désigner le successeur du président Muhammadu Buhari, le 25 février 2023. Qui d’Atiku Abubakar du Parti démocratique populaire (PDP), de Bola Ahmed Tinubu du Congrès des progressistes (APC) ou de Peter Obi du Parti des travaillistes (LP) aura les faveurs des électeurs ?
En l’absence de sondages fiables et vu la rupture du scénario traditionnel qui voudrait qu’après un président originaire du Nord, généralement musulman, avec un colistier du Sud, généralement chrétien, succède un président du Sud, généralement chrétien, associé à un colistier musulman du Nord, l’incertitude est grande quant au vainqueur de cette présidentielle.
Il est vrai qu’au début du mois de novembre 2022 un sondage plaçait le candidat du Parti travailliste, Peter Obi, en tête des intentions de vote et que durant la campagne on a observé beaucoup de jeunes accourir à ses meetings, se montrant réceptifs à son discours de rupture avec les partis traditionnels, l’APC et le PDP. Mais pour certains analystes, le Parti travailliste manque de relais en dehors des grandes villes du Sud et ce serait une surprise si Peter Obi gagnait cette présidentielle. Selon les mêmes analystes, ce serait déjà une grande prouesse si cet ancien gouverneur d’Anambra (sud) 61 ans, et son colistier musulman du Nord, obligeaient le candidat du parti au pouvoir (APC), Bola Ahmed Tinubu, un musulman du Sud avec comme colistier un musulman du Nord et Atiku Abubakar du PDP, un musulman du Nord avec un colistier chrétien du Sud, à un second tour.
Si second tour il y a, le 25 mars 2023, les ‘’Obidient’’, c’est-à-dire les partisans des jeunes générations qui soutiennent Peter Obi pourraient faire vaciller l’adversaire en face. Sait-on jamais ? En effet, que ce soit face au candidat du parti au pouvoir, Bola Ahmed Tinubu de l’APC, ou Atiku Abubakar du PDP, les ‘’Obidient’’ ont des arguments à leur opposer.
De fait, Bola Ahmed Tinubu qui se revendique de l’héritage du président Muhammadu Buhari a contre lui l’insécurité résiduelle mais persistante dans certaines localités septentrionales du pays avec des actes criminels de braquage, d’enlèvements et de meurtres. Des locaux de la Commission nationale électorale indépendante du Nigeria (INEC) ont ainsi été vandalisés dans plusieurs districts faisant craindre que les élections ne se tiennent pas à bonne date. Par ailleurs, l’inflation est cause de vie chère au Nigeria et plus inquiétant, l’opération de changement des billets du naira ne se déroule pas bien, l’obtention des nouvelles coupures étant drastiquement rationnée par les banques. Cette indisponibilité des nouveaux billets du naira est source de mécontentement de beaucoup de Nigérians et est à mettre sur le passif du président sortant, Muhammadu Buhari. Pourquoi diantre, choisir une année électorale pour une opération aussi complexe, avec sa part d’incertitudes.
Pour revenir à l’héritage que défend le candidat de l’APC, son prédécesseur qui a été surnommé dès le début de son premier mandat ‘’Baba go slow’’ en raison de son flegme atypique et des problèmes de santé qui l’ont obligé à des va-et-vient hors du Nigeria pour des soins, laisse un pays convalescent de l’impact de la pandémie de la COVID-19, des attaques de Boko haram, des actes de grand banditisme et de l’endémique corruption. Pas sûr donc que les Nigérians veuillent de son filleul à la tête de l’Etat fédéral.
Contre le candidat du PDP, Atiku Abubakar, les ‘’Obidient’’ pourraient lui opposer son âge, 76 ans et le fait qu’ayant été vice-président du Nigeria pendant 8 ans, de 1999 à 2007, il ne peut apporter au pays plus qu’il ne l’a fait pendant le règne sans partage de son parti sur le géant d’Afrique. Du reste, il en est à sa 6e tentative et espère transformer cette fois-ci l’essai. Mais il a du répondant en face de lui, notamment les ‘’Obidient’’. Alors la dynamique de ces jeunes loups aux dents longues, bousculera-t-elle la vieille garde politique de l’APC et du PDP ?
Quoi qu’il en soit, le vainqueur de cette présidentielle, qui qu’il soit, devra rapidement prendre 3 problèmes à bras-le-corps qui passent, selon les analystes, comme les priorités des priorités aux yeux des Nigérians : l’insécurité, l’économie et le chômage. Le successeur de ‘’Baba go slow’’ aura donc du pain sur la planche et c’est toute l’Afrique de l’Ouest, et au-delà tout le continent, qui retient son souffle, car si ces élections ne se passent pas bien, il en sera affecté, selon les déclarations de l’ancien président sud-africain, Thabo Beki, président du groupe d’observateurs du Commonwealth dépêchés sur place. L’Union africaine y a aussi mandaté des scrutateurs du scrutin, tout comme la CEDEAO, laquelle a désigné des députés du Parlement communautaire.
Malheureusement par le passé, des violences plus ou moins graves ont émaillé des scrutins au Nigeria depuis le retour à la démocratie en 1999. Entre 2002 et 2019, ces violences post-élections auraient fait environ 3000 morts. On croise donc les doigts afin que le scrutin de demain et celui à venir en cas de second tour pour la présidentielle fassent exception à cette déplorable série.
On attend de voir non sans faire remarquer que les importants enjeux de la présidentielle avec 18 candidats en lice ont éclipsé les élections législatives et celles des gouverneurs qui ont lieu le 18 mars. Le pays doit en effet renouveler aussi le mandat des élus à la Chambre des représentants. C’est connu, les 360 membres qui y siègent sont élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de 4 ans. Ils forment avec les 109 sénateurs, l’Assemblée nationale du Nigeria.
Un nouveau président, des nouveaux gouverneurs, un nouveau parlement par le biais d’élections apaisées, c’est tout le bien qu’on souhaite à ce géant d’Afrique. La démocratie qui s’y enracine, c’est assurément un plus pour la communauté ouest-africaine et aussi pour tout le continent, hélas si dramatiquement déstabilisé dans plusieurs de ses régions comme au Sahel et au Maghreb.
Zéphirin Kpoda
Dernier de Webmaster Obs
- Promotion et protection des droits humains: Des étudiants s’engagent à Kaya
- Eviction PM malien: Par ici la sortie, Excellence!
- Législatives au Sénégal : Audace présidentielle contre témérité oppositionnelle
- Arrestation d’Issa Kaou N’Djim: Le CSC exerce son droit de poursuite médiatique au Mali
- Appel à la vengeance d’Ousmane Sonko : Un PM ne devrait pas dire ça