Probable report du référendum au Mali : Prémices d’un requiem du chronogramme de la transition ?
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Se tiendra, ne se tiendra pas à bonne date ? La question mérite de ne plus être posée. Tant techniquement que légalement, le référendum constitutionnel, dont il s’agit ici, ne pourra se tenir à la date du 19 mars 2023.
Pourtant, après plusieurs mois d’attente, le gouvernement a enfin déroulé en janvier dernier le chronogramme de la transition. Sans trop convaincre, et c’est là un euphémisme, de sa volonté réelle de mettre en œuvre un agenda devant conduire le pays à un retour à l’ordre constitutionnel en février 2024.
Ainsi donc, selon le calendrier officiel, les électeurs maliens doivent se rendre successivement le 19 mars prochain pour le référendum constitutionnel, en juin pour les votes des collectivités territoriales, entre octobre et novembre pour les scrutins couplés des communales et législatives et enfin en février 2024 pour le choix du président de la République.
Trop bien agencé pour être réalisable, serait-on tenté de dire, quand on sait le retard mis, voire orchestré, dans les préparatifs de tous ces rendez-vous dont la finalité est le retrait des militaires de la scène politique.
En tout cas pour ce qui est du référendum constitutionnel, premier grand acte de ce calendrier électoral adopté à la hâte alors que la CEDEAO devait se pencher sur les sanctions sévères contre la junte, il faut désormais s’en remettre aux calendes grecques, pour ne pas dire aux calendes des colonels de Bamako qui marquent le pas sur la voie de la normalisation de la vie politique.
En effet, alors que selon les dispositions légales le collège électoral devait être convoqué depuis le 17 février dernier, il n’en est toujours rien à deux semaines du scrutin référendaire. Le tout dans un silence assourdissant, voire méprisant, de l’exécutif qui jusque-là n’a pris aucun acte pour confirmer malgré tout le maintien ou le report de cette échéance capitale.
A cet obstacle dirimant s’ajoutent bien d’autres contraintes dont la résolution dans un délai aussi démentiel relève du miracle.
Ainsi de la mise en place des démembrements de l’Autorité indépendante de gestion des élections, de la confection et de la distribution des cartes d’électeurs et de la vulgarisation du projet de Constitution.
Et que dire de l’option de remplacement de la carte d’électeur biométrique par la carte nationale d’identité biométrique sécurisée ?
Certes, ce sont là, entre autres, des contraintes objectives qui empêchent la tenue du référendum à la date du 19 mars prochain.
Mais ce sont là également des difficultés qui auraient pu, sinon être évitées, du moins atténuées, si le gouvernement de la transition s’était montré soucieux de ses engagements vis-à-vis du peuple malien et de la communauté internationale, bouc émissaire d’une junte militaire toujours en peine dans la lutte contre le terrorisme et en rupture de ban avec les rebelles signataires de l’Accord d’Alger.
Nul doute qu’avec l’inexorable prorogation du référendum, l’on s’achemine inéluctablement vers un glissement, pour ne pas dire un requiem, de l’ensemble du chronogramme de la Transition. Au grand bonheur des militaires qui auront ainsi l’occasion de s’octroyer un autre bonus à la tête de l’Etat avant une hypothétique présidentielle pour laquelle on soupçonne le colonel Assimi Goïta de vouloir troquer sa vareuse contre un boubou présidentiel empesé.
Il faut craindre que cette fois encore il ne fasse des émules au-delà des frontières de son pays.
Alain Saint Robespierre
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