Force militaire CEDEAO : Une chose est de la créer, une autre est de la faire vivre
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La 6e conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est déroulée le 10 juillet dernier en Guinée-Bissau avec comme cadeau de bienvenue le poste de la présidence de l’institution au président fraîchement élu du Nigeria, Bola Ahmed Tinubu. L’affaire a donc échu au géant de l’Afrique de l’Ouest, ou au géant de l’Afrique tout court avec ses 212 millions d’habitants.
A peine adoubé, l’heureux élu n’a pas manqué d’annoncer la couleur de son mandat en critiquant sans gants les putschs présents et à venir. Et comme il fallait s’y attendre, le sommet s’est penché sur la conduite des transitions en cours. Il faut reconnaître que du Mali, du Burkina ou de la Guinée, de nombreux doutes subsistent sur le respect des échéances électorales signées de concert avec la CEDEAO, voire sur la volonté des actuels maîtres de ces pays d’organiser des scrutins.
Au Mali, certes il y a eu le référendum pour une nouvelle Constitution, qui l’a emporté par le oui, mais ce n’est pas suffisant pour lever le scepticisme ambiant. Quant aux autorités burkinabè, elles conditionnent les élections au retour de la sécurité dans leur pays. En Guinée, un flou artistique est entretenu par le chef de la junte sur le respect des dates prévues. Alors pas étonnant donc cette décision spectaculaire prise lors de ce sommet de créer une force régionale anti-terroriste et anti-putsch.
En effet, face au terrorisme et aux changements anticonstitutionnels, la conférence des chefs d’Etat a décidé de la mise en place d’une force militaire. Au préalable, des experts avaient travaillé sur le sujet et, selon leurs projections, l’objectif est d’atteindre 5 000 hommes, mais dans l’immédiat on veut compter sur une brigade de 1 650 hommes pour aller sur le terrain combattre le terrorisme et, en cas de nécessité, intervenir contre les coups d’Etat. Ça semble urger donc. Joli programme.
Surtout qu’il est vrai que la CEDEAO n’est pas si novice dans la création de force militaire, elle qui avait mis en place l’ECOMOG en 1990 pendant la guerre civile au Liberia, avec quelques hauts faits d’armes dans ce pays, en Guinée-Bissau, en Sierra Leone et même en Côte d’Ivoire. En janvier 2017, elle a même réussi la prouesse, en Gambie, d’aider à chasser du pouvoir un Yahya Jammeh très esseulé.
Mais autres temps autres mœurs, dit-on. Une chose est aujourd’hui de créer une force, une autre est de la faire vivre, l’instance sous-régionale étant assujettie aux subventions internationales, notamment européennes. Il sied de rappeler que l’essentiel de la troupe qui constituait l’expédition en Gambie était constituée de soldats nigerians. C’est dire que s’il s’agit d’intervenir dans de petits pays, c’est bien commode. On aimerait bien voir une intervention au Nigeria quand il s’agira de coup d’Etat. Touchons du bois pour ne pas énerver Emballo et Tinubu.
Issa K. Barry
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