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Sénégal: Ousmane Sonko candidat ou le chaos

Après l’adresse à la Nation au début de ce mois dans laquelle Macky Sall a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de février 2024, bien des observateurs de la scène politique sénégalaise avaient conclu que le pays avait évité le pire en termes de menace à la paix sociale.

 


L’éventualité d’un 3e mandat pour le président sortant ayant été le casus belli qui a régulièrement perturbé la paix sociale au pays de la Teranga depuis 2 longues années, avec pour carburant le mécontentement populaire, les démêlés judiciaires de l’opposant le plus offensif contre le pouvoir en place, ces observateurs n’avaient pas tout faux. Mais ils n’ont pas non plus raison sur toute la ligne. Il reste en effet une hypothèque sur la paix sociale au Sénégal : la possible disqualification d’Ousmane Sonko à compétir à cette élection.


A ce propos, la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakar, et le parti du ‘’rebelle’’ casamançais, le Pastef, continuent de se regarder en chiens de faïence. Quand le second investit son champion, Ousmane Sonko, pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 le jeudi 13 juillet 2023 et déclare qu’il ‘’jouit de l’intégralité de ses droits civils et politiques’’, le premier rappelle qu’il a été condamné pour diffamation à 6 mois de prison avec sursis et dans une affaire de mœurs, à 2 ans de prison ferme. Des verdicts qui le rendent inéligible, selon le Code électoral actuel du Sénégal.


L’interdiction par le pouvoir du meeting d’investiture d’Ousmane Sonko par son parti, vendredi dernier, ‘’pour risque de trouble à l’ordre public’’, n’est donc qu’une demi-surprise. Elle illustre bien la précarité de la paix sociale dans le pays. Du reste, comme la réponse du berger à la bergère, le Pastef a crié à ‘’l’interdiction illégale’’ tandis que son leader appelait ses partisans « à organiser un concert de casseroles et à arborer du rouge pour marquer leur désaccord avec les agissements de Macky Sall et de son régime ».


Samedi dernier, Dakar et principalement les quartiers populaires ont eu droit à leurs concerts de casseroles, les militants du Pastef, répondant à l’appel de leur champion et apportant ainsi l’approbation de la base au choix de la Haute autorité de régulation du parti de voir ‘’le séquestré de luxe’’ défendre leurs chances à la prochaine présidentielle.
Candidat désigné malgré les casseroles judiciaires, interdiction du meeting de son investiture, concert de casseroles, les nuages ne sont donc pas totalement dissipés du ciel politique sénégalais. On en voudrait une preuve supplémentaire qu’on citerait volontiers cette déclaration menaçante d’Ousmane Sonko qui, sur les antennes de France 24, a été on ne peut plus incisif, avertissant qu’il y aurait ‘’un chaos indescriptible’’ s’il était empêché d’être candidat à la présidentielle de février 2024.


D’où tient-il cette assurance de pouvoir faire chanter le système judiciaire sénégalais, notamment le Conseil constitutionnel, qui sera amené à valider cette candidature ? Cette trop grande assurance, dans une posture offensive irrédentiste, frise maintenant l’outrecuidance d’un politique qui met ses ambitions présidentielles au-dessus de la loi et fait du chantage à tout le Sénégal : Ousmane Sonko candidat ou le chaos ? Ethique panafricaniste, où es-tu ?

La Rédaction  






Dernière modification lelundi, 17 juillet 2023 22:48

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