Mouvement d'humeur garde présidentielle: Bazoum dans les eaux troubles du fleuve Niger
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La démocratie nigérienne vacille de nouveau.
Hier, aux premières lueurs du jour, des éléments de la Garde présidentielle dirigée par le général Omar Tchiani, ont barricadé le périmètre du Palais.
Très vite, des rumeurs sur une tentative de coup d’Etat ont circulé derrière ce qu’on a d’abord présenté comme un simple mouvement d’humeur des soldats. Pour quelles raisons ? Pour quelles revendications ? Le président Mohamed Bazoum paye-t-il sa trop grande proximité avec les Occidentaux, particulièrement la France, en délicatesse avec les militaires au pouvoir à Bamako et à Ouaga et contre lesquels il n'a jamais ménagé ses critiques ? Jusqu’à ce mercredi en fin de journée, on nageait toujours dans un grand flou, alimenté par de nombreuses informations contradictoires, et bien malin qui pouvait dire comment la situation évoluerait.
Un communiqué de la Présidence a fait état d’un « mouvement d’humeur anti-républicain d’éléments de la garde présidentielle qui ont tenté en vain d’obtenir le soutien des forces armées nationales et de la Garde nationale ». Un post qui sera rapidement supprimé sur Facebook.
Pourquoi la publication a été retirée ? On se perd en conjectures.
Toujours est-il que très rapidement, les condamnations sont venues de toutes parts, émanant notamment de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette dernière a demandé dans un communiqué que le chef de l’Etat nigérien soit immédiatement libéré. Ce qui laissait entendre que le président Bazoum n’était pas libre de ses mouvements.
Le président en exercice de l’organisation sous-régionale, le Nigérian Bola Tinubu, a également dépêché sur place son chef d’état-major général des armées et le chef des renseignements, qui ont été rejoints par le président béninois, Patrice Talon, pour une tentative de conciliation.
Mouvement d’humeur, tentative de coup d’Etat ou autre, on ne peut que déplorer cette intrusion d’un groupe de militaires dans le fonctionnement normal des institutions. Un groupe qui avait d’ailleurs en face de lui un autre groupe fidèle au premier magistrat nigérien.
Après le Mali, le Burkina, il ne manquerait plus que le Niger, à son tour, tombe dans ce péril kaki qui est devenu le mal commun des pays confrontés au terrorisme depuis une bonne décennie et où on vient ajouter une instabilité politique à une situation sécuritaire déjà préoccupante. Le Niger qui semble, quoi qu’on dise, en meilleur état que ses deux voisins d’infortune n’a vraiment pas besoin de ça.
Passe encore si les soldats redresseurs de torts parvenaient à améliorer la situation qui a servi de prétexte à leur prise du pouvoir par la force. Mais avec ce qu’on voit pour le moment, on est à tout le moins fondé d’avoir de sérieux doutes.
Espérons que les démocrates et républicains nigériens auront le dessus et que les loyalistes feront pièce à ces velléités de déstabilisation d’un régime démocratiquement élu.
Hélas, ce n’est pas la première fois que le pays d’Hamani Diori est confronté à ce genre de situations. Sans remonter à Mathusalem, on se rappelle que pas plus tard qu’en mars 2021, à seulement deux jours de la passation de charges entre le président sortant Mahamadou Issoufou et l’actuel, Mohamed Bazoum, une tentative de putsch avait été tuée dans l’œuf et une cinquantaine de militaires arrêtés. 5 mois à peine après le verdict qui avait abouti à des condamnations allant jusqu’à 20 ans de prison ferme, voici que le pays veut à nouveau replonger dans l’inconnu.
Hugues Richard Sama
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