Coup d’Etat au Niger : « Sleepy Joe » s’est enfin réveillé
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Comme s’il voulait absolument mériter le sobriquet dont on l’affuble, « Sleepy Joe » (Joe le pionceur) semble s’être subitement réveillé au sujet de la situation au Niger. En effet, mardi 10 octobre 2023 le secrétariat d’Etat américain a formellement qualifié la situation au Niger de coup d’Etat.
Il aura donc fallu deux mois et quelques jours pour appeler un chat, un chat. Jusque-là comme pour donner une chance à la diplomatie et aux négociations souterraines visant le rétablissement de l’ordre constitutionnel au pouvoir, Washington s’était bien gardé de parler ouvertement de putsch. Une attitude, qui, pour certains ressemblait à un soutien implicite de la junte qui a pris le pouvoir le 26 juillet 2023.
Les choses sont donc désormais claires. Et les conséquences qui vont avec également. Cette nouvelle donne entraîne automatiquement l’effet de la suspension de l’aide américaine au Niger, estimée à 442 millions de dollars. Toutefois, dans leur communiqué, les Américains précisent que l’aide humanitaire en faveur de la population n’est pas concernée.
Cette sanction américaine vient s’ajouter à de nombreuses autres prises par des Etats et des partenaires pour marquer leur protestation contre l’irruption de la soldatesque sur la scène politique nigérienne. Ainsi, par exemple de la Banque mondiale qui devait verser 1,2 millions de dollars cette année, soit environ 6% du PIB. Sans oublier, la France, l’Allemagne, le Luxembourg et l’Union européenne qui, cumulativement devaient injecter la bagatelle de 375 millions de dollars cette année dont une partie a déjà été libérée.
Autant dire que la récente mesure vient plomber davantage une situation socio-économique qui était déjà bien compliquée. Et plus que les dirigeants qui seront toujours à l’abri, ce sont surtout les populations les plus pauvres qui subiront le contrecoup de ces errements politiques. Sans omettre que de nombreux projets et programmes seront également gelés notamment dans les domaines des infrastructures, de l’éducation, de l’énergie, de la santé…
Voilà où mène l’aventure du général Abdourahmane Tchiani, qui, après avoir servi l’ancien président Mahamadou Issoufou pendant une décennie et a été aux côtés de son successeur Mohamed Bazoum, a retourné son arme contre le dernier cité, celui qu’il était pourtant censé protéger.
La sécurité et la lutte contre le terrorisme devront également pâtir du « New deal » américain au Niger où l’Oncle Sam dispose d’une base de drones à Agadez au Nord du pays et d’un millier de soldats.
Et si les vols de drones ont repris depuis, le partenaire américain se garde de fournir des renseignements à l’armée nigérienne. Du coup, on peut se demander quelle est son utilité sur le terrain. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) va-t-il pour autant appliquer la même potion française en demandant purement et simplement le départ des boys ? Rien n’est moins sûr dans la mesure où contrairement à Paris, Washington n’a pas de passif colonial et néocolonial qui est remonté furieusement en surface à la faveur du terrorisme et de l’instabilité politique que l’insécurité a entraînés au Mali, au Burkina et au Niger.
Cela dit, les sanctions sous-régionales et internationales ont beau s’accumuler, on peut raisonnablement douter qu’elles puissent faire revenir à la raison les putschistes nigériens qui n’entendent pas rendre gorge advienne que pourra.
Akodia Ezékiel Ada
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