Présidentielle sénégalaise : Un pis-aller nommé Bassirou Diomaye Faye
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Jusqu’à une date récente, ni son visage ni son nom ne disait grand-chose au grand public. Mais désormais, ce quadragénaire aura une place de choix dans l’actualité politique de son pays.
Secrétaire général du Parti africain du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), Bassirou Diomaye Faye a été désigné le dimanche 19 novembre 2023 par une coalition de partis candidat à la présidentielle de février prochain. Les ambitions présidentielles de son fondateur, Ousmane Sonko, étant de plus en plus compromises, le PASTEF, dissous, revient dans la course par une tout autre voie.
Sonko incertain, clin d’œil donc à Faye. C’est ce qu’on appelle un pis-aller.
En effet, de guerre lasse pour annuler la mesure de radiation du candidat naturel du parti de la liste électorale, le PASTEF et ses alliés n’ont eu d’autre choix que d’échafauder un plan B.
Cette option par défaut est faite après deux coups de massue judiciaires qui sonnent comme autant de pelletées de terre sur les ambitions présidentielles du maire de Ziguinchor, condamné à deux ans de prison dans une affaire de mœurs. Ce qui le rend inéligible, selon l’Etat sénégalais.
Saisie par les avocats de Sonko pour contester la mesure d’exclusion de leur client de la présidentielle, la cour de justice de la CEDEAO a conclu, vendredi dernier, à toute absence de violation des droits du numéro un du PASTEF.
Le même jour, la cour suprême du Sénégal a cassé et annulé la décision du tribunal ordonnant la réinscription d’Ousmane Sonko sur la liste électorale avant de renvoyer l’affaire devant le tribunal hors classe de Dakar.
Débouté donc de toutes parts, le PASTEF se voit contraint à la solution de rechange pour ne pas dire à la solution de sagesse.
Reste à savoir si le remplaçant pourra capter l’estime dont jouit le trublion casamançais auprès des couches populaires et réussir le désir d’alternance tant chevillé au corps de son chef.
On a beau dire qu’il fait partie du carré des fidèles de Sonko et bénéficie de sa totale confiance, il n’en demeure pas moins que l’élection présidentielle, « c’est la rencontre d’un homme et d’un peuple », selon la mythe gaullien. La personnalité et le charisme du candidat étant des paramètres aussi décisifs que l’offre politique et idéologique.
Bassirou Diomaye Faye a donc trois mois pour se tailler une stature de présidentiable et ce ne sera pas une mince affaire, lui qui croupit en prison depuis sept mois pour « outrage à magistrat », « diffamation d’un corps constitué » et « actes de nature à compromettre la paix publique ».
Mais il faut se garder de vendre moins cher sa peau au regard de l’effet Sonko qui pourrait lui être bénéfique.
En effet, certes le maire de Ziguinchor ne peut pas se prévaloir de ses propres turpitudes et reste le seul responsable de ses ennuis judiciaires. Mais il n’empêche que pour nombre de ses compatriotes, il est victime d’un acharnement politique visant à l’écarter du rendez-vous de février prochain. Ce qui peut se traduire par un élan de sympathie pour appelant désormais à le voter.
Cela est d’autant vrai que la coalition au pouvoir est minée par une crise interne depuis la désignation du Premier ministre, Amadou Ba, par le président sortant, Mack Sall, comme porte-étendard de la majorité présidentielle.
Reste maintenant au candidat-prisonnier de pouvoir récolter le minimum de 44 000 signatures nécessaires pour prendre part à l’élection.
A trois semaines de l’échéance de la campagne pour les parrainages, ce quantum s’annonce pour Bassirou Diomaye Faye comme un premier obstacle à franchir dans une course parsemée d’embûches.
Alain Saint Robespierre
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