Investiture nouveau président libérien : Passe réussie de Weah à Boakai
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C’est désormais officiel, Georges Weah a fait la passe à Joseph Boakai. La passation de charges entre ces présidents entrant et sortant du Liberia a en effet eu lieu hier au cours d’une sobre cérémonie au Capitol hill, siège du gouvernement à Monrovia.
La page Weah est donc définitivement tournée, place maintenant au vieux Boakai qui, après avoir été vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf (2006-2018) puis candidat malheureux en 2017, a été élu le 14 novembre 2023 au second tour de la présidentielle avec 50,6% des suffrages exprimés contre 49,9% pour Georges Weah, qui n’a d’ailleurs pas attendu l’annonce officielle des résultats pour reconnaître sa défaite. Une élégance républicaine qui rappelle celle dont il faisait montre sur les terrains de football au temps où il faisait les beaux jours du PSG, de Monaco, de Marseille, de Chelsea, de Manchester city ou du Milan AC.
Hélas, celui qui est jusqu’à présent le seul Africain à avoir remporté le Ballon d’or n’aura pas autant brillé sur le terrain politique que sur le rectangle vert. Après six ans de pouvoir, les électeurs n’ont donc pas hésité à lui brandir un carton rouge pour n’avoir pas su respecter ses promesses, eux qui continuent de se débattre dans la fange alors qu’au sommet de l’Etat on assistait à une sorte de dilettantisme présidentiel. Certains ne lui ont jamais, par exemple, pardonné les vacances qu’il s’est octroyées pour aller voir le mondial 2022 au Qatar.
Malgré tout, il aura fait ce qu’il pouvait avec les limites objectives qui étaient les siennes.
C’est la deuxième passation de témoin pacifique depuis la fin de la deuxième guerre civile qui a déchiré le pays entre 1999 et 2003 et qui a fait entre 150 000 et 300 000 morts. C’est le signe d’une certaine vitalité démocratique qu’il faut reconnaître au pays et à ses responsables politiques. De ce point de vue, le pays fait exception, avec quelques autres, dans une Afrique de l’Ouest où les démocraties semblent piétinées.
Entre les putschs à répétition en bonne et due forme et les coups d’Etats constitutionnels avec les tripatouillages de lois fondamentales pour se taper des troisièmes mandats, on peut s’enorgueillir d’avoir des pays comme le Liberia qui sont de bons exemples et constituent des îlots de paix et de démocratie dans un océan ouest-africain particulièrement agité.
Reste maintenant à mettre quelque chose sur cette démocratie, car les cinq millions de Libériens ne sauraient vivre uniquement de démocratie et d’eau fraîche, et c’est tout le challenge du remplaçant de Mister Georges, qui a une certaine expérience de l’Etat.
Il lui faudra donc poser les bons actes pour régler les nombreux problèmes socio-économiques qui assaillent ses compatriotes, que ce soit dans les domaines de l’éducation, de la santé ou de l’accès à l’eau potable. Il s’installe en effet dans le fauteuil présidentiel au moment où le taux d’inflation est au-dessus de 10%, où le PIB annuel par habitant est de 800 dollars et où surtout le Liberia occupe les derniers rangs dans le classement mondial sur l’indice de perception de la corruption. Mais cela, le nouvel homme fort du pays en est bien conscient. « Nous voyons des temps difficiles, nous voyons des dysfonctionnements, nous voyons de la corruption en haut lieu et en bas lieu. Et c’est dans ces conditions que nous sommes venus à la rescousse », a-t-il déclaré dans son discours d’investiture. Mais, c’est au pied du mur libérien qu’on saura si le maçon Boakai est bon ou pas.
Reste également à savoir si, à bientôt 80 ans, « the old man » aura l’énergie que requiert la fonction présidentielle, cela d’autant plus qu’il est apparu affaibli hier et a dû terminer assis la lecture de son discours. Ça promet !
Hugues Richard Sama
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