Révision constitutionnelle au Togo: Faure veut battre le record de papa
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Ce n’est plus une révision constitutionnelle mais un véritable charcutage législatif. 5 ans à peine après la dernière opération, la loi fondamentale togolaise repasse de nouveau sur le billard parlementaire.
En 2019, il s’agissait essentiellement de permettre à Faure Gnassingbé qui avait succédé à son père Eyadéma au décès de ce dernier en 2005 de pouvoir se présenter aux présidentielles de 2020 et de 2025.
S’il est candidat et s’il gagne l’élection l’année prochaine, ce devrait être en principe son dernier mandat. Mais voici qu’un an avant l’échéance, une proposition de loi fort opportunément déposée par un groupe de députés est déjà examinée par la commission des lois en attendant d’être discutée en plénière. L’affaire devrait passer comme une lettre à la poste dans la mesure où le Parlement togolais est une chambre d’enregistrement où le parti au pouvoir dispose d’une majorité confortable de 59 sièges sur 91, sans compter les voix de ses alliés. Si cela est acté, cette nouvelle donne législative devrait faire passer le pays à un régime parlementaire.
Les partisans du pouvoir dont on connaît l’extrême raffinement démocratique tirent notamment argument de ce que le président concentre tous les pouvoirs entre ses mains et qu’il faut rééquilibrer avec notamment l’assemblée nationale, comme si c’est seulement maintenant qu’ils découvrent une telle situation.
En réalité, régime présidentiel ou parlementaire, plus qu’un problème de textes, c’est surtout une question d’institutions et de véritable volonté d’ouverture démocratique qui se pose dans ce pays.
Suffira-t-il que le président soit désormais élu non plus au suffrage universel direct mais par les députés pour que le rééquilibrage des pouvoirs se fasse automatiquement? Difficile de le croire. Ici, comme dans de nombreux pays africains, on a surtout besoin d’institutions solides. Hélas, à 58 ans, dont 19 déjà passés au pouvoir, il faut quand même que le fils fasse mieux que son papa qui avait passé 38 longues années au pouvoir avant que la solution biologique ne le fasse quitter le fauteuil présidentiel auquel il s’accrochait comme une moule à son rocher. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Plus qu’une volonté de bonifier la démocratie togolaise, l’objectif inavoué est de permettre à l’héritier des Gnassingbé qui monopolise la vie politique locale depuis près d’un demi-siècle de jouer les prolongations ad vita aeternum.
Personne n’est dupe, certainement pas les opposants qui ont flairé le coup fumeux, tellement cette méthode a été éprouvée par de vénérables démocrates avant lui. Qu’il s’agisse de Blaise Compaoré, d’Alpha Condé, de Denis Sassou-Nguesso, d’Idriss Déby ou d’Alassane Ouattara.
Dans les grandes démocraties, une révision constitutionnelle a avant tout pour objet de consolider la démocratie ou les espaces de liberté, tout le contraire de nos démocratures où les modifications sont rarement vertueuses.
Faure Gnassingbé gagnerait cependant à faire attention, car on a beau régner pendant des décennies et des décennies, aucun pouvoir n’est jamais éternel et les exemples sont légion sur le continent, où à force de jouer sans cesse les prolongations, ceux qui pensent être les Messi ou les Ronaldo de la politique finissent par faire le match de trop avec les conséquences fâcheuses qu’on voit le plus souvent.
Hugues Richard Sama
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