Début de la production pétrolière à Sangomar: Le Sénégal va-t-il échapper à la malédiction de l’or noir?
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Depuis le mardi 11 juin 2024, le Sénégal fait officiellement partie du club très fermé des pays producteurs de pétrole.
Le premier baril est en effet sorti du champ de Sangomar, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, a annoncé la société australienne Woodside qui détient 82% du gisement offshore contre 18% pour la société des pétroles du Sénégal (PETROSEN).
Avant d’en arriver là il a fallu, depuis la découverte du gisement en 2014, de nombreuses années mais le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, pourra toujours s’enorgueillir d’avoir été le premier à faire jaillir l’or noir des eaux sénégalaises.
On ne peut donc que se réjouir pour le Sénégal qui rejoint la quinzaine de pays déjà producteurs de cette roche liquide sur le continent.
Même si la production est pour le moment modeste, avec seulement 100 000 barils par jour, la manne pétrolière devrait rapporter au Sénégal 300 milliards de francs CFA sur trente ans. C’est en principe donc des revenus supplémentaires qui devraient permettre au pays de Senghor de booster son développement socio-économique. Mais seulement en principe, car un peu partout sur le continent le précieux liquide est souvent synonyme de malédiction tant les miracles promis se sont très souvent transformés en mirages. Regardez la situation dans laquelle se trouve le Tchad, le Gabon, le Soudan, la Libye ou la RDC!
Si dans d’autres contrées du monde, notamment dans les émirats pétroliers ou en Europe avec la Norvège, les gouvernants se sont attelés à une gestion rigoureuse de la manne pétrolière, c’est loin d’être le cas sur le continent où or noir rime avec opacité et une gestion parfois mafieuse des ressources qui proviennent du pétrole tant et si bien que l’argent ne profite pas à la grande majorité de la population mais seulement à une minorité proche du pouvoir. C’est le cas notamment au Congo Brazaville, au Gabon, en Angola et en Guinée équatoriale.
Dernier exemple de ce scandale pétrolier, le Tchad. Que n’avait-on pas espéré quand les premiers barils de pétrole tchadiens sont sortis du terminal de Kribi au Cameroun? D’ailleurs on se rappelle que le président Idriss Deby Itno avait affirmé qu’une partie des revenus tirés de l’exploitation du pétrole sera réservée aux générations futures. Plus de deux décennies après, il n’en a rien été de tout cela.
On espère que le Sénégal saura tirer leçon de ces malheureuses expériences passées sur le continent pour échapper à cette malédiction qui nous colle à la peau. Il a en tout cas les instruments: une démocratie qui devrait empêcher le président de faire à peu près tout et n’importe quoi et une gouvernance, quoi qu’on dise, beaucoup plus orthodoxe qu’elle ne l’est dans de nombreux autres pays. Néanmoins, il faut attendre la fin du mandat de Bassirou Diomaye Faye dans 5 ans pour voir véritablement ce qui a pu être fait concrètement avec cette nouvelle richesse et si elle aura permis de donner un coup d’accélérateur au développement socio-économique du pays de la Teranga.
Hugues Richard Sama
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