Mali/Burkina : Goïta et son alter-ego
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Le colonel Assimi Goïta n’est pas seulement taiseux, il est en plus de cela casanier. Depuis quatre ans qu’il est au pouvoir au Mali, sauf erreur ou omission, il n’est sorti officiellement du pays qu’une et une seule fois.
C’était pour se rendre en Russie, précisément à Saint-Pétersbourg, sur invitation du président russe, Vladimir Poutine, pour prendre part au sommet Russie-Afrique, qui s’est tenu du 27 au 28 juillet 2023. Un rendez-vous de son protecteur russe qu’il ne pouvait rater pour rien au monde. Deuxième voyage du président malien, c’est celui qu’il vient d’effectuer hier mardi 25 juin 2024 au Burkina Faso. Il aura attendu pratiquement plus d’un an, depuis novembre 2022, pour rendre la politesse à son homologue burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré (IB), qui lui avait rendu visite à cette date. Un IB, au regard des images, visiblement ravi d’accueillir son frère d’armes et mentor.
Cette visite d’amitié et de travail, il faut le rappeler, avait pour objectif de « revisiter l’excellente relation de coopération qui existe entre la République du Mali et le Burkina Faso ». Rarement les relations entre les deux pays auront été si étroites depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir au Burkina Faso, lui qui a opté de marcher sur les pas de son devancier : même vision dans la lutte contre le terrorisme, même vision dans celle contre l’impérialisme, pour la souveraineté totale, même démarche dans le rapprochement avec Moscou…
Tous deux sont en effet lancés dans la lutte contre l’hydre terroriste, et c’est tout naturellement qu’il y a eu au cœur de leurs échanges la question sécuritaire dans laquelle ils se sont embourbés avec des promesses non encore tenues, malgré les nombreuses acquisitions, il faut le reconnaître, d’armement et de vecteurs aériens. Au Mali par exemple, les militaires au pouvoir après deux coups d’Etat successifs en 2020 et 2021, s’étaient engagés à réussir la transition démocratique en mars 2024, mais les tensions se sont accrues dans le pays en raison de leur incapacité à respecter le calendrier promis pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Qu’à cela ne tienne. Les deux chefs d’Etat sont engagés dans un processus de conservation du pouvoir. Au Mali, le koro Goïta joue les prolongations avec la bénédiction des participants au dialogue national, tout comme son dogo au Burkina, à qui les forces vives ont offert un mandat supplémentaire de 5 ans qui court à partir du 2 juillet 2024, tout cela sous le couvert de la lutte contre le terrorisme.
Le colonel Assimi Goïta arrive à Ouagadougou à un moment où à Bamako onze cadres de l’opposition dont plusieurs anciens ministres ont été arrêtés, inculpés et incarcérés. Même atmosphère à Ouagadougou où tout est mis en œuvre pour étouffer toutes les voix dissonantes.
Autant dire une rencontre entre un chef d’Etat et son alter-ego à Ouaga, à quelques jours seulement après les rumeurs folles au sujet de l’incident à la roquette qui aurait fait vaciller le pouvoir burkinabè.
La Rédaction
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