Cameroun : « La gouine de la république » se dévoile davantage
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Brenda Biya n’en démord pas. Le 30 juin 2024, elle étalait sur l’espace public mondial via son réseau Instagram, son histoire d’amour avec la mannequin brésilienne de 25 ans Layyons Valença.
Elle avait en effet posté une photo ou elle embrassait, sa compagne avec une déclaration d’amour enflammé : « PS : Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache ». Une dizaine de jours après ce coming- out fracassant, il remet le couvert à travers une interview dans le journal français Le Parisien daté du 9 juillet 2024. Ça n’aurait été qu’un petit fait divers banal si Benda Biya n’était autre que la fille du président camerounais Paul Biya. Un pays où, rappelons-le, toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe est punie d’une peine de six mois à cinq ans de prison et une amende allant jusqu'à deux cent mille francs comme d’ailleurs dans vingt-six autres nations d’Afrique. Sauf que là c’est la fille chérie du locataire du palais d’Etoudi, le moins que l’on puisse dire c’est que ça fait désordre. Hier mardi, elle explique à notre confrère français par le menu, son cheminement progressif vers cette orientation sexuelle. « J’ai eu mon premier crush pour une fille quand j’avais 16 ans mais j’ai eu du mal à l’accepter. J’étais dans le déni. Je connais les traditions de mon pays, et pour moi c’était inenvisageable. À l’époque, j’étais persuadée que même si un jour j’arrivais à avoir une relation avec une femme, cela resterait quelque chose de privé. J’ai cru que j’allais devoir le cacher toute ma vie à ma famille et au monde. Je n’avais pas l’impression d’être complètement moi. Puis j’ai eu ma première relation avec une femme en première année d’université et j’ai commencé à m’affirmer un peu plus. » confie-t-elle à notre confrère français.
Faut-il donc croire qu’elle ignore désormais royalement les traditions et les lois de son pays ? Toujours est-il que cette confession publique doit embarrasser au plus haut point son président de père et sa chère mère et tous les membres de sa famille. Elle confie d’ailleurs en fait que son frère l’a appelée en colère surtout à cause de la manière dont elle l’avait fait en l’annonçant sur les réseaux avant de lui en parler. Que croyait donc celle qui se qualifie elle-même de « mouton noir de la famille » ?
Voici donc que ce qui devrait être une banale histoire d’amour entre deux personnes de même sexe devenir une affaire d’Etat pour ne pas dire une affaire de l’Etat. Les bouches fendues au mauvais endroit la brocardant déjà comme étant « la gouine de la république » ou la « première lesbienne du Cameroun ». La question qui se pose désormais c’est de savoir si sa confession publique pourra-t-il en effet faire bouger les lignes dans ce pays. C’est ce qu’en tout cas espère la galaxie LGBTQI+ camerounais et mondiale pour qui le « scandale » ayant éclaté dans la famille présidentielle elle-même pourrait desserrer l’étau étouffant ceux ou celles qui ont une orientation sexuelle problématique aux yeux de la majorité des camerounais voyant cela comme une déviation sexuelle, voire même une maladie psychiatrique dont il faut soigner les intéressés.
Le moins que l’on puisse dire est que Paul Biya du haut de 91 ans doit être gêné aux entournures. Maintenir le statu quo au risque de perdre définitivement sa fille chérie ou revoir relire ce qui serait vu comme une faiblesse paternelle vis-à-vis de sa progéniture là où certains de ses compatriotes sont déjà en prison pour le même délit. Véritable pavé dans la mare sociopolitique s’il en est qui éclabousse au-delà de la petite personne de Brenda, toute la société et l’establishment camerounais.
Abdou Karim Sawadogo
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