Procès maire de Dakar : Khalifa Sall droit dans sa posture de victime politique
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On entre maintenant dans le vif du sujet.
Après quelques reports et une bataille procédurale sur la compétence du tribunal correctionnel de Dakar pour connaître de cette affaire, le procès Khalifa Sall a vraiment démarré hier, lundi 5 février 2018.
L’ancien maire de la capitale sénégalaise et ses sept coaccusés sont poursuivis pour détournement de fonds, notamment ceux de la fameuse Caisse d’avance de l’Hôtel de ville, portant sur un montant de 1,8 milliard de francs CFA, entre 2011 et 2015. Le chef de file des prévenus étant accusé d’avoir été au centre d’une affaire de fausses factures et d’enrichissement illicite. Ce dont il s’est toujours défendu, comme ce fut encore le cas hier au prétoire devant ses nombreux partisans, qui ne cessent de crier à la conspiration politique.
Le fond du dossier est-il aussi vide que le prétend Khalifa Sall, qui ne cesse de se grimer en martyr pour avoir décliné une offre politique, ou même plutôt deux, en juin et septembre 2012, sans pour autant révéler la nature et les termes d’un tel deal ?
En attendant d’en savoir davantage, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’au regard de la stature du principal accusé, difficile dans un tel dossier de faire la part entre la politique et le droit commun.
Pour certains, le président Macky Sall utilise en effet la justice sénégalaise, qui sait être indépendante pour liquider un redoutable adversaire à la présidentielle de 2019. Un challenger d’autant plus sérieux qu’il a réussi l’exploit de se faire élire député depuis la prison de Rebeuss.
Un peu comme il aurait dézingué Karim Wade, incarcéré lui aussi puis jugé par la Cour de répression contre l’enrichissement illicite avant d’être ostracisé vers le Qatar sur fond de marchandages politiciens dont on n’a pas encore le fin mot.
Il faut reconnaître qu’après l’explosion en plein vol de l’ancien « ministre du Ciel et de la Terre », comme on désignait le fils du président Wade, si le maire de Dakar devait lui aussi être cramé avant la prochaine présidentielle, ce serait un véritable boulevard qui s’ouvrirait devant Macky Sall.
Faut-il pour autant donner le Bon Dieu sans confession à l’accusé Sall, l’absoudre de tout péché, comme si tout procès contre un opposant était politique, forcément politique ? Comme si être un opposant était forcément synonyme de parangon de vertu ?
C’est bien beau d’affirmer, la main sur le cœur, qu’on n’a rien à se reprocher sur ce dont on est accusé et, surtout, d’adopter la posture chevaleresque en demandant au juge de libérer ses coaccusés.
Mais Khalifa Sall gagnerait à aller au-delà de l’agit-prop et à préparer sa défense afin de se laver des accusations qui souillent sa moralité et susceptibles de briser sa carrière politique.
Alain Saint Robespierre
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