Jean-Pierre Bemba et la CPI : Un nouveau procès qui ne dit pas son nom
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On le croyait tiré d’affaire, Jean-Pierre Bemba, si bien que de Kinshasa à Bruxelles, en passant par La Haye, ses nombreux partisans avaient qui versé des larmes de joie, qui levé le verre voire esquissé des pas de danse le 8 juin dernier à l’annonce de son acquittement en appel par la CPI. Depuis le mercredi 4 juillet, ils ont de nouveau des soucis, les inconditionnels du chairman, ainsi qu’ils surnomment, l’opposant et ancien vice-président de la RDC. La raison de cela, le verdict du procès de leur champion pour subornation de témoins se fait attendre. Et l’attente pourrait durer deux semaines parce que ce qui devrait n’être qu’une audience de détermination de la peine de l’accusé s’est transformé en nouveau procès.
En effet, contrairement à ce à quoi s’attendaient les avocats de Jean-Pierre Bemba, le bureau du procureur de la CPI a introduit au greffe, à l’intention du tribunal, de nouvelles preuves tendant à dire que la subornation avérée de 14 de leurs témoins a joué dans l’acquittement de Jean-Pierre Bemba, prononcé par la Cour d’appel de la CPI. De fait, ces témoins, corrompus et manipulés par deux des avocats de l’ancien vice-président de la RDC, ont sciemment omis de dire que ce dernier était au courant des crimes commis par ses troupes en Centrafrique. Par conséquent, le bureau du procureur demande que la peine maximale de cinq ans de prison soit prononcée à l’encontre de Bemba. De quoi donner de l’urticaire à l’opposant congolais et à ses avocats qui ne décolèrent pas que le tribunal ait décidé d’entendre ces nouveaux arguments du bureau du procureur. Pour eux, au nom du principe de la non-remise en cause de l’autorité de la chose jugée, le tribunal devrait déclarer irrecevable le mémorandum du bureau du procureur contre leur client.
Comme on les comprend ! Car, si le tribunal donnait droit à la requête du bureau du procureur, Jean-Pierre Bemba pourrait retourner en prison pour six mois nonobstant les dix ans qu’il y a déjà passés. De quoi compromettre son ambition présidentielle pour les élections prévues le 23 décembre 2018 dans son pays. Mais les avocats de Jean-Pierre Bemba ne désespèrent pas de transformer la liberté provisoire actuellement accordée à leur client en liberté définitive, si le tribunal venait à le condamner à moins de cinq ans de prison dans cette ancienne-nouvelle affaire de subornation de témoins. Pour cela ils évoquent le professionnalisme de la Cour d’appel de la CPI : « Monsieur Bemba a été acquitté par un verdict obtenu à la majorité et prononcé par trois juges professionnels recrutés sur les standards les plus élevés », déclare Maître Melinda Taylor. Et le bureau du procureur de répliquer : « Ces actes de subornation de témoins ont contribué, au moins en grande partie, dans l’analyse de la Chambre d’appel et sa décision de l’acquitter. »
On le voit bien, c’est comme si nous assistions à un nouveau procès de Jean-Pierre Bemba à l’occasion de cette audience de détermination de sa peine dans l’affaire de subornation de témoins. Si le bureau du procureur veut se rattraper de ses erreurs qui ont pu motiver l’acquittement de ce dernier en appel, les avocats du prévenu veulent surfer sur la décision surprise du 8 juin pour obtenir sa libération définitive. Affaire donc à suivre… dans deux semaines ?
Zéphirin Kpoda
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