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Dialogue politique en Côte d’Ivoire : Patrick Achi transformera-t-il l’essai de ses prédécesseurs ?

 

Pour un faux départ, c’en est vraiment un ! En effet, aussitôt réunis, ils ont été congédiés pour élaborer des propositions de thèmes et de sujets devant meubler ce que l’on peut appeler un troisième round du dialogue politique en Côte d’Ivoire. Il s’agit des 21 partis les plus représentatifs de l’échiquier politique ivoirien. Ils se sont rapidement rencontrés ce 16 décembre à Abidjan sur invitation du Premier ministre, Patrick Achi. Ils doivent poursuivre le dialogue politique entamé depuis 2019, sur l’initiative du président Alassane Ouattara.

 

 

Il faut croire que pour exorciser les vieux démons des divergences politiques qui ont récurremment dérivé en affrontements meurtriers depuis une vingtaine d’années, la Côte d’Ivoire donne du temps au temps. Les plaies d’une guerre civile (2002-2007) et d’une violente crise postélectorale (2010-2011) ne se cicatrisent pas du jour au lendemain. C’est donc tout à l’honneur de la classe politique et du peuple éburnéens d’y travailler inlassablement avec le président Alassane Ouattara à la manœuvre depuis 3 ans.

 

2 de ses premiers ministres, feu Amadou Gong Coulibaly et Ahmed Bakayoko, s’y sont investis sans que les fruits de ce dialogue tiennent la promesse de leurs fleurs de leur vivant. C’est ainsi que la présidentielle d’octobre 2020 s’est tenue dans un climat social bien tendu, avec à la clé des manifestations violentes éparses, faute d’accord politique.

 

Mais beaucoup d’eau a coulé depuis lors sous les ponts de la lagune Ebrié : Alassane Ouattara a rencontré Konan Bédié en novembre 2020 ; les législatives de mars 2021 se sont tenues dans un climat social apaisé et, cerise sur le gâteau de cette réconciliation ivoirienne en marche, le retour facilité de plusieurs exilés politiques, dont le plus illustre, l’ancien président Laurent Gbagbo, en juin 2021.

 

Ainsi donc, des législatives apaisées de mars 2021, au retour à la table des négociations des acteurs majeurs de sa scène politique ce 16 décembre en passant par le retour au pays de Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire guérit lentement mais sûrement de ses blessures induites des irrédentismes partisans des années de braises.

 

 Dans cette œuvre de longue haleine, le premier round du dialogue politique sous l’arbitrage du Premier ministre Gon Coulibaly a été la première pierre ; son successeur, Ahmed Bakayoko, avec une ouverture d’esprit remarquable, a ajouté de la pierre à la pierre. A Patrick Achi de consolider l’édifice, sans faux fuyants, mais plutôt en allant au fond des sujets que viendrait à mettre sur la table du dialogue l’opposition ivoirienne. On peut citer, sans être exhaustif, la refonte de la commission électorale, le retour d’autres exilés politiques comme Guillaume Soro ou Charles Blé Goudé, les indemnisations des victimes de la violence en politique, la bonne organisation des élections locales de 2023.

 

 Rendez-vous donc le 21 décembre à l’énoncé des thématiques retenues pour les débats de fond. On croise les doigts pour que la courtoisie et les poignées de mains chaleureuses échangées durant la réunion de prise de contact d’hier jeudi  ne soient pas que pour les flashes des caméras. C’est connu, en politique plus que dans d’autres domaines, les apparences sont trompeuses. Sous la cendre de compromis difficilement obtenus peuvent couver des braises d’inimitiés irréductibles, capables de rallumer des incendies laborieusement éteints.

 

Alors, avec ce 3e round du dialogue politique, Patrick Achi transformera-t-il l’essai de ses prédécesseurs en succès : celui d’une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même ?

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification lelundi, 20 décembre 2021 22:49

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