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Avènement du MPSR : Et maintenant on fait quoi ?

Au risque de jouer aux prophètes après coup, tout le monde soutient avoir vu venir le coup. Il est vrai qu’il y a quelque deux semaines une tentative présumée de putsch attribuée au lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana aurait été tuée dans l’œuf et la « bande » (dixit le parquet militaire) expédiée à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), où elle a retrouvé un certain Gilbert Diendéré qui y purge une peine de 20 ans de prison pour un autre coup d’Etat,  perpétré celui-là en septembre 2015.

 

Il est aussi vrai que ces derniers mois les appels à la démission du chef de l’Etat allaient crescendo au sein de certains partis politiques et Organisations de la société civile (OSC) au regard de la dégradation continue de la situation sécuritaire, à laquelle se sont greffées, il faut le dire, des questions de gouvernance qui donnaient le sentiment à nombre de Burkinabè que de Blaise Compaoré à Roch Marc Christian Kaboré,  il n’y avait pas eu une césure nette en la matière. C’était bonnet blanc blanc bonnet comme on dit car les belles promesses du « plus rien ne sera comme avant » de l’insurrection populaire d’octobre 2014 se sont très vite évanouies.

 

 Après le choc d’Inata où, rappelons-le, une cinquantaine de gendarmes avait été tués dans l’attaque de leur détachement affamé par l’incurie de la chaîne de commandement, le chef suprême des armées semblait avoir enfin pris toute la mesure du désastre et compris qu’il lui fallait rapidement et impérativement changer son fusil d’épaule. Hélas pour lui, il était un peu tard et les militaires l’avaient déjà peut-être dans leur ligne de mire. Si ça se trouve, les soldats voulaient déjà , fin  novembre 2021, surfer sur la vague contestataire des manifestations interdites pour prendre le pouvoir. L’arrestation du lieutenant-colonel Zoungrana a peut-être finalement servi de détonateur . Ce ne sont donc pas les arguments qui manquaient à la promo 92 du Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) pour entrer bruyamment en scène.

 

Lundi 24 janvier en fin de journée, sur le tube cathodique, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et ses frères d’armes ont ainsi expliqué les motivations qui les ont conduits à cette issue, et professé leur foi, celle d’ un retour à l’ordre constitutionnel dans « un délai raisonnable accepté a tous ». On n’en sait pas davantage pour le moment sur leurs intentions.

 

Maintenant donc que la promo 92 a franchi…le Kadiogo, soutenu par une frange de la population qui a multiplié les déclarations et manifestations de soutien comme celles d’hier à la place de la Nation, on attend de la voir à l’œuvre pour la juger sur pièce , notamment sur le front de la lutte contre le terrorisme. Il faut en tout cas espérer pour les soldats et pour le Burkina, et puisqu’ils sont des spécialistes de l’art de la guerre et qu’ils  ont maintenant tous les leviers du pouvoir pour agir, qu’ils engrangeront très rapidement des résultats probants sur le terrain.

 

Mais d’ores et déjà on se demande quel sera le visage du nouvel exécutif et la durée de la transition ouverte par l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Six mois ? Un an ?Un quinquennat franc comme Assimi Goïta le réclame au Mali ? Un premier ministre civil ou en treillis ? Et avec quelle frange de la classe politique, et des OSC vont-ils gouverner alors même que ceux qui rêvaient d’un match retour depuis plus de sept ans savourent enfin leur revanche et sablent le champagne?

 

Ce sont là autant de questions dont les réponses,  qu’on espère imminentes, permettront de voir clairement la direction que les putschistes entendent prendre. En attendant,  la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui peine à endiguer la contagion des putsches dans son espace, a d’ores et déjà programmé un sommet pour se pencher sur ce nouveau cas. 

 

 

La Rédaction

Dernière modification lemercredi, 26 janvier 2022 22:23

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