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Sommet virtuel des chefs d’Etat de la CEDEAO : Le couperet des sanctions usuelles tombera-t-il sur le Burkina ?

 

Après avoir condamné le putsch du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), tout en exprimant ses vives préoccupations sur la situation politique au Burkina, la CEDEAO tient à ce sujet un sommet virtuel de ses chefs d’Etat, ce vendredi matin.

 

 

 

Sans surprise, l’organisation régionale, fidèle aux dispositions de son Protocol additionnel sur la promotion de la démocratie et la bonne gouvernance, devrait annoncer des sanctions contre le Burkina. Outre l’appel à libérer le président déchu, le couperet des sanctions usuelles, consacrées par la jurisprudence de l’organisation, tombera sans nul doute : suspension du Burkina de la CEDEAO, sanctions individuelles contre les dirigeants de la junte par le gel de leurs avoirs à l’extérieur, interdiction faite à ceux-ci de voyager et injonction d’organiser un retour rapide à une vie constitutionnelle normale. Sauf improbable surprise, et avant de mandater à Ouagadougou une mission d’information auprès des nouvelles autorités, les chefs d’Etat de l’organisation régionale ne devraient pas sévir plus que cela. Qu’importe, la bonne politique voudrait que la CEDEAO  temporise avant de prendre des sanctions, le temps d’envoyer des missi dominici à Ouagadougou pour comprendre les motivations de la junte qui a déposé le président Roch Kaboré. Au demeurant, instruits par la vague d’indignations et d’incompréhensions qui secoue les couches populaires des pays ouest-africains suite à la main lourde qu’ils ont eue contre le Mali, les chefs d’Etat de la Communauté devraient rompre avec cette fâcheuse habitude de prendre des sanctions improductives et impopulaires.

 

Mais rien n’est moins sûr. Le reflexe des sanctions vite prises, au nom du principe de la tolérance zéro aux coups d’Etat, sera vraisemblablement de mise lors de ce sommet virtuel malgré les appels de certains partis politiques burkinabè qui invoquent les impératifs sociopolitiques, économiques et militaires pour demander à la CEDEAO de ne pas sanctionner le Burkina. Ils demandent au contraire à la communauté internationale d’accompagner le dialogue et la concertation entre tous les acteurs burkinabè en vue d’un retour à un ordre constitutionnel répondant aux aspirations profondes du peuple. 

 

Hélas, ils ne sont pas nombreux au Burkina ni ailleurs ceux qui parieraient un kopek que, pour une fois, la CEDEAO fera mentir ses détracteurs, qui l’assimilent à un syndicat des chefs d’Etat, en ne sanctionnant pas le Burkina pour ce que plus d’un appelle « un coup d’Etat salvateur. » La preuve, outre le soutien populaire, il se dessine un large consensus de la classe politique qui donne à espérer une réconciliation nationale selon les termes de la proclamation du MPSR, qui affirme avoir pris le pouvoir « dans le seul but de permettre au pays de se remettre sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté ».

 

Voilà qui est très clair et fait applaudir la majorité des Burkinabè ! Cependant, à la lumière des exemples malien et guinéen,  il y a fort à parier que le Burkina n’échappera pas au couperet des sanctions usuelles de la CEDEAO. Il tombera donc et tant pis si ce sont les couches les plus vulnérables de la population qui en pâtissent.

 

 

 

Zéphirin KPODA

 

Dernière modification ledimanche, 30 janvier 2022 20:27

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