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France/Mali : L’escalade verbale prend l’ascenseur

 

Que vous rappellent les dates du 3 février 2013 et du 19 février 2022 ? C’est une question que des enseignants maliens pourraient poser à leurs élèves lors d’un devoir d’histoire contemporaine, dans les mois ou années à venir.

 

 

 

Et leurs réponses vont renvoyer à des évènements majeurs qui ont marqué la coopération militaire entre la France et le Mali dans la lutte contre le terrorisme. En effet, le 3 février 2013, devant les succès de l’opération Serval, des milliers de Bamakois acclamaient le président français d’alors, François Hollande, le considérant comme un libérateur. 9 ans plus tard, d’autres Bamakois ont envahi la rue pour conspuer la décision française, jugée unilatérale et en violation des accords de coopération avec le Mali, de retirer les forces Barkhane et Takuba de ce pays. Cces manifestants saluaient la décision de leur gouvernement invitant prestement la France à retirer ses troupes du territoire malien : « Au regard de ces manquements répétés des accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer sans délai les forces Barkhane et Takuba du territoire national sous la supervision des autorités maliennes ».

 

 

Plus qu’une invite, c’est un ordre 3 fois martelé par le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, dans un discours télévisé, en réponse à l’annonce du président Emmanuel Macron de retirer les forces Barkhane et Takuba à l’issue du sommet Union européenne /Union africaine des 16 et 17 février derniers.

 

 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce discours est une cinglante riposte des autorités maliennes à l’annonce française. Il ajoute au brouhaha qui alimente depuis 6 mois la chronique du divorce annoncé entre Paris et Bamako. Le porte-parole du gouvernement malien, lors de sa dernière sortie médiatique, a dressé un tableau pas du tout reluisant de la coopération entre son pays et la France où les insuccès  des opérations Serval et Barkhane sont bien mis en relief.

 

 

Clairement, le bras de fer entre Paris et Bamako se durcit après le pic de brouille qui a vu l’expulsion de l’ambassadeur français du Mali, le 31 janvier 2022. Depuis son arrivée au pouvoir, Assimi Goïta et ses partisans sont comme un margouillat dans la culotte des relations France/Afrique. Ils dérangent au point de mettre à nu  les parties honteuses d’une coopération déséquilibrée où la France est bien souvent présentée dans le mauvais rôle d’une prédatrice froide. Et honni soit qui mal y pense que « ces bougres de nègres » soient taillables et corvéables sur mesures de leurs « ancêtres Gaulois ». Suivez  notre regard vers le FCFA et sa gestion ou vers les ports en eau profonde sur les côtes du golfe de Guinée.

 

 

C’est pourquoi, sans approuver la fuite en avant verbale des autorités maliennes dans le diplomatiquement incorrect, on la comprend. Dans la politique africaine de l’Hexagone, il y a trop de deux poids deux mesures. Les exemples foisonnent tant qu’on se garde d’en énumérer. Dans ce divorce bientôt consommé entre Paris et Bamako, on  caresse alors  le secret espoir que la France ne s’enferme pas dans le complexe du suzerain offensé par le gouvernement malien. Qu’elle s’arme plutôt d’un supplément de perspicacité pour lire la trajectoire de l’histoire. L’Afrique du 21e siècle sera de plus en plus différente de celle du 19e et du 20e siècle, avec des peuples et des dirigeants qui refuseront d’être des bénis- oui -oui à l’ancienne.

 

A bon entendeur salut…

 

La rédaction

 

Dernière modification lelundi, 21 février 2022 22:35

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