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Ouganda: Museveni fils quitte-t-il l’armée pour devenir son chef suprême?

« Après 28 ans de services dans ma glorieuse armée, la plus grande armée du monde, je suis heureux d'annoncer ma retraite. » Tel est le message que Muhoozi Kainerugaba a écrit  sur son compte Twitter ce mardi . Ce nom ne vous dit certainement rien, pourtant celui qui a le grade de général et dirige l’armée de terre ougandaise depuis juin 2021, après avoir commandé les forces spéciales, est le fils aîné de Yoweri Museveni, l’un des plus anciens chefs de l’Etat en exercice sur le continent.

Arrivé au pouvoir par les armes en 1986,  l’ancien maquisard  y est toujours 36 ans plus tard et muselle toute voix contestatrice.

Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser le généralissime à rompre les rangs à seulement 47 ans? Voilà de quoi intriguer, car à  cet âge on imagine qu’il ne laisse pas l’uniforme pour aller faire du safari dans les nombreuses réserves que compte le pays.

Celui qui vient de prendre une retraite anticipée a été toujours présenté comme le successeur putatif de son géniteur. Et il rend le tablier, pour ne pas dire le treillis, alors que de plus en plus d’informations assez alarmistes font état de la santé précaire  de Yoweri Museveni, aujourd’hui âgé de 77 ans.

Le maître de Kampala, on se rappelle, après  tant et tant de simulacres d’élections, avait  sauté le verrou limitatif du nombre de mandats en 2005 pour pouvoir régner ad vitam  aeternam. En 2017, c’est carrément la limitation d’âge, alors fixée à 75 ans, qu’il avait supprimée, ce qui lui lassait tout le loisir de rester aux affaires jusqu’à 100 ans. Mais rien n’exclut que  le «Mzeee (le sage) prenne lui-aussi sa retraite, histoire d’accélérer l’ascension de  Muhoozi Kainerugaba, lequel peut compter déjà sur un club de soutien sur les réseaux sociaux pour la prochaine présidentielle, qui doit en principe se tenir dans 4 ans.

Le fils se serait-il ainsi mis en réserve de la République pour succéder, le moment venu, à son illustre paternel? Tout porte à le croire. Et il aurait ainsi pris sa retraite de l’armée pour devenir plus actif sur le terrain politique.

En réalité, il n’y aurait rien de surprenant en cela, car manifestement il a été préparé avec soin pour hériter du trône de papa dans la pure tradition dynastique. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que de tels scénarios s’écrivent sur ce continent noir. Il y  a eu les cas d’Ali Bongo Ondimba au Gabon , de Faure Gnassingbé au Togo,  de Mahamat Idriss Déby au Tchad. Et demain, on ne serait pas étonné que ce soit Teodorin Obiang en Guinée équatoriale, Denis Christel Sassou Nguesso au Congo Brazzaville, Franck Biya au Cameroun, Ivan Kagame au Rwanda ou Noureddin Bongo au Gabon qui prennent  le même chemin. En réalité, dans ce qui s’apparente souvent à des démocratures, tout se passe comme si tout le pays était une propriété personnelle  du président et de son clan, qui en font ce qu’ils veulent.

Mais pendant combien de temps encore va-t-on voir de tels satrapes régner sans partage sur leurs nations avec la logique de prédation des richesses qui s’ensuit? Car il est difficile de  rester aux affaires, dans tous les sens du terme, pendant 20 , 30 voire 40 ans sans qu’à la  fin il y ait une patrimonialisation du pouvoir.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lejeudi, 10 mars 2022 21:39

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