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Suspension RFI et France 24 au Mali : Une frilosité bien suspecte

 

Depuis hier jeudi 17 mars 2022, c’est silence radio et écran noir au Mali pour Radio France internationale (RFI) et France 24. Dans un communiqué signé du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, le gouvernement malien a, en effet, décidé de « suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion de RFI en onde courte et Fm et de la télévision France 24 ainsi que toutes leurs plateformes digitales sur toute l’étendue du territoire nationale ». Une véritable artillerie lourde sortie contre les deux voix de l’audiovisuel extérieur français accusées « d’allégations mensongères » en « synchronisation » avec le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Human rights Watch.

 

 

En cause, la diffusion d’informations selon lesquelles les Forces armées maliennes et les mercenaires russes de Wagner se rendraient coupables d’exactions contre des civils. Des informations que Bamako juge mensongères, de nature à démoraliser les troupes et à semer la discorde entre les différentes ethnies du pays. 

 

« Inacceptable », s’insurge l’Union européenne alors que le président français, Emmanuel Macron parle, lui, de « signe d’une course en avant vers le pire ». Cette décision n’est que le dernier épisode en date du feuilleton aux multiples rebondissements des relations franco-maliennes particulièrement dégradées depuis quelques mois, depuis notamment le débarquement sur le sol malien des supplétifs russes. Avant RFI et France 24, c’est l’ambassadeur français alors en poste à Bamako lui-même, Joël Meyer, qui a  été déclaré persona non grata le 31 janvier dernier et sommé de quitter le pays sous 72 heures. De guerre lasse, Jupiter avait fini par annoncer le retrait de l’opération Barkhane du Mali et sa ré articulation dans les autres pays sahéliens et des pays du Golfe de Guinée où la pieuvre terroriste étend depuis quelques mois ses tentacules assassines. Autant dire que l’utilisation de cette nouvelle arme médiatique ne va pas arranger les choses.

 

Certes, les deux médias incriminés, qui dépendent comme chacun le sait du ministère français des Affaires étrangères, sont souvent considérés à tort ou à raison comme les porte-voix de la France officielle et ses bras médiatiques sur le continent. Malgré ce lien ombilical, on peut tout leur reprocher sauf de ne pas faire leur travail avec professionnalisme et un certain équilibre dans le traitement de l’information. Mais qu’à cela ne tienne, les autorités maliennes font preuve d’une certaine frilosité au demeurant bien suspecte. Et ce n’est certainement pas en coupant le signal des médias en question  qu’elles disculperont les FAMa des graves accusations qui sont portées contre elles.

 

Au contraire, le colonel Assimi Goïta et ses hommes gagneraient à mener des investigations indépendantes pour lever tout doute dans la mesure où les informations, si elles sont avérées, ne seraient pas à l’honneur des soldats qui doivent pouvoir combattre un ennemi sanguinaire sans pour autant perdre leur âme par des actes inconsidérés.

 

 

Aboubacar Dermé

Dernière modification lelundi, 21 mars 2022 23:06

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