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Récupération musclée des domaines de l’Etat en Guinée : Dalein et les bulldozers du colonel Doumbouya

 

Une bonne partie de la cité ministérielle de Dixinn à Conakry n’est plus qu’un amas de gravats. En effet, des policiers et des gendarmes y sont arrivés dans la matinée de samedi 26 mars pour vérifier que les villas à démolir étaient vides de leurs occupants ou prier ceux d’entre eux qui traînaient les pieds à débarrasser le plancher illico presto.

 

 

A la suite des forces de l’ordre, des techniciens d’Electricité de Guinée (EDG) ont mis hors circuit électrique les maisons à détruire avant que des camions remorques n’arrivent avec des bulldozers qui sont tout de suite entrés en action. Le gouvernement guinéen est donc dans l’exécution de la phase terminale de son projet « récupération des domaines de l’Etat », initié depuis novembre 2021. Cela n’est pas pour plaire à tout le monde, notamment ces personnalités et leurs familles qui y vivaient pour certaines depuis 2 décennies, aux frais de l’Etat, c’est-à-dire du contribuable guinéen. Sont de celles-là  l’emblématique opposant Cellou Dallein Diallo, qui est tout de suite monté au créneau pour dénoncer ce qu’il a appelé l’expression d’« une haine peut-être vis-à-vis du favori à l’élection présidentielle que je suis ».

 

Cellou Dallein Diallo, qui conteste devant les juridictions guinéennes les expropriations inhérentes à ce projet de récupération du patrimoine immobilier de l’Etat, ne comprend pas ces démolitions, jugées précipitées alors que  le dossier est toujours en instruction. Cela traduit, selon l’opposant, le peu d’égard que l’actuel pouvoir a vis-à-vis de la justice ; ce qui est un recul grave de l’Etat de droit en Guinée, conclut-il.

 

Sur ce dernier point, au risque d’apporter de l’eau au moulin de Cellou Dallein Diallo, à l’évidence, Mamady Doumbouya et son Comité national de redressement pour le développement (CNRD) ne se préoccupent pas de fixer un agenda clair de la transition vers un retour à un pouvoir civil démocratiquement élu. En effet, ils font la sourde oreille aux injonctions de la CEDEAO à ce propos. La dernière demande de l’organisation régionale, formulée parmi les conclusions du sommet extraordinaire d’Accra, a reçu un accueil hostile à Conakry. Le ministre guinéen des Affaires étrangères a en effet estimé que comme son pays n’a pas participé à ce sommet, ses conclusions l’engagent pas. Ce dernier a implicitement laissé comprendre à qui veut que la Guinée a plus urgent à faire qu’élaborer un calendrier de la transition d’ici le 25 avril prochain comme l’exigent les chefs d’Etat de la CEDEAO.

 

Par ailleurs, plusieurs observateurs notent que le pouvoir de transition en Guinée a totalement exclu les partis politiques de la conduite des affaires de l’Etat, préférant pactiser avec les organisations de la société civile. Or, dans la cité ministérielle qui vient d’être en partie détruite  logeaient des cadres de plusieurs formations politiques dont Cellou Dallein Diallo. De quoi se demander si derrière les objectifs de récupération des domaines de l’Etat il n’y a pas une chasse aux sorcières des pontes de l’ancien régime, doublée d’une persécution des opposants par des expropriations illégales. Le cas Cellou Dallein Diallo en serait l’illustration parfaite, la partie visible de l’iceberg.

 

Zéphirin Kpoda 

 

Dernière modification lemardi, 29 mars 2022 20:28

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