Menu

Expansion terroriste vers le Golfe de Guinée: Le Togo à l’épreuve du feu

La première fois n’était donc qu’un petit échauffement en attendant le vrai carnage.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 2021, le Togo avait subi sa première attaque terroriste à Sanloaga, dans le nord du pays. L’incursion avait été, heureusement, repoussée par les forces de défense et de sécurité, qui reçurent plus tard des mains du président Faure Gnassingbé la Croix de vaillance.

Cette fois-ci, elles auront eu moins de chance. Dans la nuit du 10 au 11 mai 2022, un poste avancé du dispositif de l’opération Koundjouari, situé à Kpékpakandi, a fait  l’objet d’une violente attaque terroriste menée par un groupe d’individus lourdement armés non encore identifiés. L’assaut aurait été mené par une soixantaine de terroristes venus à moto.

Bilan officiel fourni par le ministère togolais de la Sécurité et de la Protection civile: 8 morts et 13 blessés.

Coup de feu après coup de feu, la sombre prophétie du patron des renseignements extérieurs français, Bernard Emié, est donc en train de se réaliser. Le directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) prédisait en effet au début de l’année 2021 que depuis le Sahel où il a pris pied, le terrorisme est en train de se frayer un passage vers le Golfe de Guinée.

Ces nouvelles routes des multinationales du Mal ont d’abord été tracées en Côte d’Ivoire où, depuis l’attentat de Grand-Bassam le 13 mars 2016 qui a fait 19 morts, les attaques se sont multipliées, d’autant plus rapidement que le pays est adossé au Mali et au Burkina.

Après la terre d’Houphouët, c’est le Bénin qui, à son tour, s’est retrouvé dans la ligne de mire des pseudo-djihadistes dans les parcs de la Pendjari et du W, frontaliers du Burkina et du Niger. Et voilà que c’est maintenant le Togo!

La menace est d’ailleurs si grande que dans le dispositif de réarticulation de Barkhane, contrainte de quitter les sables mouvants du Mali, faute de pouvoir cohabiter avec les mercenaires de Wagner, la France a prévu de mettre un accent sur les pays côtiers.

L’heure est, du reste, plus que jamais à la mutualisation des moyens, notamment de renseignements, dans la sous-région.

L’attaque de Kpékpakandi survient  après une rencontre des chefs d’état-major des pays de la CEDEAO tenue les 5 et 6 mai derniers  au Ghana, seul îlot de quiétude jusqu’à présent dans cet océan tourmenté ; même si on est enclin à se demander jusqu’à quand cette exception ghanéenne va durer.

Il est vrai que les frontières sud et sud-ouest du Burkina, adossées au pays de Kwame Nkrumah, sont jusque-là relativement épargnées par la pieuvre tentaculaire, mais on ne sait jamais à quel moment elle va frapper.

Ce qui vient d’arriver au Togo devrait d’ailleurs être l’occasion de remettre au goût du jour le projet d’élargissement du G5 aux pays du Golfe de Guinée, qui sentent le souffle de la pieuvre se rapprocher. Encore faut-il que le G5 Sahel, qui n’a jamais pu vraiment faire la preuve de son utilité, sorte de l’état de mort cérébrale dans lequel il est plongé depuis sa naissance !

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lejeudi, 12 mai 2022 20:17

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut