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Olivier Dubois : Libre !

Le 8 avril prochain, cela lui aurait fait vingt-quatre mois de captivité. Mais il ne commémorera pas le deuxième anniversaire de son enlèvement entre les mains de ses ravisseurs.

 

En effet, kidnappé le 8 avril 2021 à Gao, dans le Nord du Mali, le journaliste français, Olivier Dubois, a été libéré hier lundi 20 avril 2023. De même qu’un humanitaire américain, Jeffery Woodke, enlevé depuis octobre 2016.

 Une libération certes souhaitée, réclamée, mais qui semble avoir surpris les nombreux confrères, proches et parents dont l’attachement à l’otage n’a jamais faibli durant tout ce temps.

« C’est énorme pour moi d’être libre. Je ne m’y attendais pas du tout », s’est, en effet, exclamé notre confrère dès sa descente d’avion à l’aéroport international de Niamey.

Mais avec le recul, fallait-il lire dans les récents propos du chef d'Aqmi, Abou Obeida Youssef al-Annabi, quelques signes annonciateurs de cette bonne nouvelle ?

On se souvient en effet, que dans une interview exclusive accordée à Wassim Nasr, spécialiste des mouvements djihadistes à France 24, en début mars, le successeur d’Abdelmalek Droukdel à la tête de ce groupe terroriste salafiste dans le Sahel, avait laissé entrevoir des portes de négociations. « La balle est dans le camp des autorités françaises », a-t-il confié lors de l’entretien.

Cette sortie de l’émir d’Aqmi aurait-elle donc favorisé la libération d’Olivier Dubois ?

Le mystère reste jusque-là entier, tout comme il le reste au sujet des circonstances exactes de l’enlèvement du correspondant « Libération », « Jeune Afrique » et « Le Point » au Mali.

C’est que, selon certaines sources, le journaliste a été enlevé à Gao où il s’était rendu pour une interview avec un notable du groupe djihadiste. Version rejetée par Abou Obeida Youssef al-Annabi dans l’exclusivité accordée à France 24.

Mais pour sûr, Paris et Niamey et pourquoi pas Washington,  figurent parmi les principaux acteurs de cette libération, comme semble indiquer ce message de gratitude du désormais ex-otage : « Je vais rendre un hommage au Niger pour son savoir-faire en mission délicate et à la France aussi ».

Reste maintenant à savoir la nature ou la valeur de la contrepartie de cet élargissement.

Car ce n’est certainement pas pour les beaux yeux bleus d’Emmanuel Macron ou la belle chevelure lisse de Mohamed Bazoum ou encore moins pour de la Zakat à l’approche du jeûne musulman que les ravisseurs ont remis le prisonnier en liberté.

En effet, quand bien même, selon le discours officiel, la France, comme bien d’autres Etats, ne paye pas de cash contre une quelconque libération, on ne peut s’empêcher de penser à un versement de rançon, tant la prise d’otages a toujours été une des principales sources de financement des groupes terroristes.

A moins que, comme c’est parfois le cas, il y ait eu échange de prisonniers consenti par le gouvernement nigérien qui engrange ainsi des dividendes politiques et diplomatiques.

Dans un cas comme dans l’autre, nous partageons la joie et le soulagement de la famille et des amis d’Olivier Dubois, même s’il ne faut pas perdre de vue que quel que soit ce qui a été mis sur la table, ça servira à entretenir le terrorisme.

Puisqu’un otage peut en cacher un autre, après le confrère français, n’oublions pas qu’un autre journaliste est toujours entre les mains de djihadistes dans le Sahel. Il s’agit du Malien Moussa M’Bana Dicko, enlevé dix jours après Olivier Dubois, et dont la cause ne doit pas rester orpheline.   

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 22 mars 2023 22:29

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