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Affaire Ousmane Sonko : Calme précaire avant la tempête au pays de la Teranga ?

Après les graves échauffourées du jeudi 16 mars dernier, la rue sénégalaise a retrouvé son calme habituel. Mais les vestiges de pneus brûlés, de voitures caillassées et de magasins vandalisés sont là pour rappeler que le pays se fait peur.

 

La faute aux politiques, incapables de calmer le jeu de leurs antagonismes, préférant en découdre par des invectives et des procès à haute teneur crisogènes. Est-ce là un signe de vitalité démocratique d’un modèle qui plie mais ne rompt pas ? Ou s’agit-il plutôt des halètements d’un système qui perd son souffle ? Plus d’un observateur se pose légitimement ces questions devant ces violences de rue à répétition depuis mars 2021 suite aux affaires Ousmane Sonko et ses procès toujours ouverts mais jamais conduits à termes.

En effet, après les accusations de ‘’viol et menaces de mort’’ portées contre lui par une professionnelle de salon de massage, Sonko fait face à une nouvelle plainte pour ‘’diffamation, faux, et usage de faux’’ de la part d’un ministre du gouvernement Macky Sall. Des procès pendants qui tiennent le Sénégal en haleine avec des pics de tensions chaque fois qu’Ousmane Sonko est convoqué au prétoire.

Tout se passe comme si celui qui en 5 ans, soit entre 2016 et 2021, est devenu l’enfant terrible du landerneau politique sénégalais n’est plus un justiciable comme les autres. Il serait blanc comme neige, à écouter ses nombreux partisans, et refuse d’être le mouton du sacrifice d’un Calife gagné par la tentation du 3e mandat présidentiel.

L’élection présidentielle de 2024 est en réalité le casus belli de cette guéguerre politique qui n’en finit pas de faire peur au Sénégal et ailleurs, car cette vitrine démocratique de l’Afrique de l’Ouest francophone pourrait voler en éclats. De fait, entre le président Macky Sall, qui veut reprendre la main sur la rue et appelle au retour à l’ordre, et le truculent opposant qui lui promet, depuis son lit d’hôpital, de suivre la loi du Talion, ‘’œil pour œil dent pour dent’’, la rue dakaroise ne vivrait que comme un calme précaire.

En tout cas les dernières déclarations du président Macky Sall, qui laisse entendre sans équivoque que juridiquement il peut briguer un autre mandat présidentiel, ne sont pas faites pour calmer le jeu politique au pays de la Teranga. En effet, il apporte de l’eau au moulin des partisans d’Ousmane Sonko qui pensent que ces procès contre leur champion sont un pur montage pour lui barrer la route à la présidentielle et, a contrario, dérouler le tapis rouge au président sortant, qui rêve de succéder à lui-même.

A ce propos, si l’on se fait violence pour tolérer que juridiquement Macky Sall peut prétendre à un, voire à 2 autres mandats présidentiels, est-il politiquement correct et moralement acceptable qu’il soit candidat à l’élection de 2024 ? A l’inverse, si d’aventure Ousmane Sonko était reconnu coupable dans l’une ou l’autre des affaires dans lesquelles il est poursuivi, serait-il politiquement opportun de l’empêcher d’être candidat à la présidentielle de l’année prochaine ? En ces questions pend la quadrature du cercle pour que le calme actuel que vit le Sénégal ne soit pas le calme avant la tempête. Dès ce 30 mars, jour de reprise du procès d’Ousmane Sonko pour diffamation, faux et usage de faux ? On attend de voir.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 26 mars 2023 20:28

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