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Soudan : La peste kaki continue de faire des ravages

 

La canonnière a repris son concert mortel samedi dernier à Khartoum, si elle avait vraiment cessé. Après des combats à fleuret moucheté depuis quelques temps, l’argument de la force a fait place à la force de l’argument entre Mohamed Hamdan Dogolo, commandant des Forces de soutien rapide (FSR) et vice-président du Conseil de souveraineté du Soudan, et Abdel Fattah al-Burhan, commandant de l'armée et président du Conseil.

 

Une lutte de pouvoir entre les deux généraux aux commandes du Soudan depuis leur putsch en 2021.

 

 

Jusqu’à hier, la situation était encore assez confuse, un camp n’ayant encore pris le dessus sur l’autre. Une chose était par contre certaine : le bilan déjà lourd faisait état d’une cinquantaine de morts parmi les civils et d’une dizaine parmi les belligérants, sans oublier les centaines de blessés. Des cadavres et des blessés qui viennent s’ajouter à des centaines d’autres victimes depuis le coup d’Etat qui a renversé Omar Al-Bachir en 2019.

 

 

Le casus belli cette fois-ci, c’est l’intégration dans l’armée soudanaise des ex-rebelles jandjawids dont est issu Mohamed Hamdân Dogolo alias Hemidti. Si le principe est acquis, c’est la mise en œuvre qui divise les deux parties et qui a débouché sur cette nouvelle déflagration. Ou est-ce tout simplement un prétexte pour en découdre, les vraies raisons étant ailleurs ? Il va sans dire que la peste kaki continue de faire des ravages, avec toujours comme principales victimes les civils pris entre deux feux, ne sachant plus vraiment à quel soldat se vouer.

 

 

On avait pensé après la chute du despote enturbanné de Khartoum  que les choses iraient mieux pour le peuple martyr soudanais. Hélas, les promesses de lendemains meilleurs basés sur une démocratie véritable et un développement qui profitera à tous ont été très vite déçues, la soldatesque s’étant consciencieusement attelée à mettre sur la touche les civils qui devraient cogérer la transition dont on ne sait même plus finalement quand elle prendra fin. Le retour à l’ordre constitutionnel est ainsi renvoyé aux calendes soudanaises et ce n’est certainement pas ce nouveau regain de tension qui permettra d’y voir plus clair.

 

 

Pauvres Soudanais sous la férule tyrannique de militaires, véritables bourreaux depuis des lustres de leurs propres concitoyens et prédateurs des ressources d’un pays qu’ils ont mis depuis en coupe réglée puisque contrôlant des pans entiers de l’économie. De Gaffar Nimeiry en 1969 à al-Burhan en passant par Omar Al-Bachir, les Soudanais naviguent ainsi d’un récif à un autre sans trop savoir quand ils sortiront de cette galère qui n’a que trop duré. Mais est-ce vraiment étonnant dans un pays qui détient le plus grand nombre de coups d’Etat réussis ou non, au nombre de 17 ? On a les records qu’on peut.

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 17 avril 2023 22:01

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