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Soudan: Deux semaines en enfer

 

 Ça fait presque deux semaines que le Soudan est sous le feu de l’actualité. Cette fois-ci, ce ne sont pas des soudards en treillis qui martyrisent des manifestants civils aux mains nues qui ont le malheur de rêver à une démocratisation du pays après la chute d’Omar el-Bechir en avril 2019, c’est entre militaires que ça se passe, pour ne pas dire entre deux généraux.

Le patron de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, et Mohamed Hamdân Dogolo alias Hemedti, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), qui avaient pactisé pour prendre le pouvoir des mains des civils s’affrontent désormais dans les rues de Khartoum avec les conséquences dramatiques qu’on voit déjà. Depuis le 15 avril, les combats ont déjà fait, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 459 morts et plus de 4000 blessés, et des milliers d’habitants se retrouvent pris au piège.

Ce qu’on redoute maintenant, c’est l’embrasement général et que le pays sombre totalement dans la guerre civile.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’occasion faisant le larron, il est question maintenant d’évasions massives de détenus avec tous les risques supplémentaires sur la sécurité que cela comporte. Des centaines, voire des milliers de prisonniers se seraient ainsi fait la malle à travers tout le pays, dont Ahmed Harun, ancien ministre de l’Intérieur et recherché par la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2007 pour des crimes contre l’humanité commis au Darfour.

C’est dans ce cafouillis généralisé qu’un cessez-le-feu précaire a été signé par les deux parties. Un accord au forceps obtenu par les Etats-Unis, mais manifestement les belligérants ne sont pas prêts à enlever leur main de la gâchette puisque les combats ont repris hier mercredi, chaque partie accusant l’autre d’avoir violé l’accord.

A ce rythme, la seule question qui vaille la peine d’être posée, c’est de savoir qui, entre al-Burhane et Hemedti, viendra finalement à bout de l’autre. Entre la peste Al-Burhan et le choléra Hemedti, même s’il a beau être putschiste, Al-Burhan a au moins une certaine ‘’légitimité’’ puisqu’il est à la tête de l’Etat et des forces régulières alors que les FSR sont d’ex-rebelles devenus une véritable armée dans l’armée.

Quand on voit les scènes d’horreur qui circulent sur les réseaux sociaux, on tremble d’effroi pour ce peuple soudanais, victime une fois de plus de ses militaires, plus préoccupés par le pouvoir que par leurs missions régaliennes.

 

Hugues Richard Sama

 

 

 

Dernière modification lelundi, 01 mai 2023 21:54

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