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A mister Trump : Bons baisers d’un pays de merde

Comment dit-on  « pays de merde » en américain ?  « Stinking countries », « godforsaken countries », « world dump » ou « shitole countries » qui aurait eu la préférence de Donald Trump  pour parler des Etats africains lors d’une réunion jeudi dernier à la Maison-Blanche ? Quelle que soit l’expression choisie et qu’elle puisse signifier « trou à rats » ou « porcherie », elle était suffisamment offensante pour  susciter dans lesdits pays de  merde un mélange d’indignation  et de colère qui n’est pas près de s’estomper.

Les chefs d’Etat qui condamnent ; des pays qui convoquent l’ambassadeur américain comme ce fut le cas au Sénégal de Tulinabo Mushingi ; l’Union africaine qui publie un communiqué très ferme ; les ambassadeurs africains à l’ONU qui exigent une rétractation de l’auteur de ce vocable fleuri… le concert de désapprobation qui a accueilli cette sortie de piste ne cesse, depuis, d’aller crescendo.

Quelle « dung fly », entendez mouche …à merde,  a donc encore  bien pu piquer cette anomalie statistique qui a emménagé contre toute attente dans le bureau  ovale  qu’il a mis sens dessus dessous à coups de tweets ravageurs, de déclarations intempestives, d’actions  et de propos  inconsidérés qui laissent souvent ses propres collaborateurs totalement abasourdis?

« Le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur mais ce ne sont pas ces mots-là », s’est défendu maladroitement celui qui tweete plus vite que son ombre sans pour autant dire quels étaient les termes exacts sortis de sa putain de bouche. Que l’Afrique, dont il sait à peine sur quelle planète elle se trouve, ne soit pas la priorité de ce maudit pitre imbu de sa personnalité, on veut bien mais avait-il besoin d’être aussi méprisant vis-à-vis de ce berceau de l’humanité et de 1,3 milliard (17% de la population mondiale) d’hommes et de femmes qui ont juste le malheur de ne pas être milliardaires ?

A-t-on besoin de lui rappeler que ce sont des millions et des millions d’enfants de cette Afrique, arrachés à la terre de leurs ancêtres par ce crime contre l’humanité qu’est  l’esclavage, qui ont en grande partie fait de son « America first » cette puissance économique qu’elle est de nos jours ? A-t-on besoin de lui apprendre que des descendants d’esclaves ont contribué à l’érection de cette fameuse Maison-Blanche, qu’il souille chaque jour que Dieu fait de ses extravagances ? A-t-on besoin de rappeler à ce monsieur qui dit tout ce qui lui passe par la tête que, pas plus tard qu’en septembre 2017 en marge de l’Assemble générale des Nations unies, il louait devant une brochette de présidents africains « le potentiel commercial exceptionnel » de ces pays de merde où l’Oncle Donald vient, comme tant d’autres puissances, se procurer pétrole, mines et de nombreuses autres matières premières indispensables à ses majors ?

Ici ou ailleurs, on a connu de premiers magistrats qui n’ont pas toujours été à la hauteur de la charge suprême qui leur avait échu. La France a ainsi eu ses rois ou présidents chauds lapins, à l’image de Félix Faure, expédié sans escale du septième ciel au ciel tout court le 16 février 1899, frappé par un orgasme mortel au cours d’ébats élyséens avec sa maîtresse Marguerite Steinheil, ce qui valut à la pauvresse le surnom  de « pompes funèbres » ;  somnabulesques tel Paul Deschanel, atteint du syndrome d’Elpenor et qui se prenait tantôt pour Napoléon, tantôt pour la Vierge Marie. L’Afrique a connu les heures sombres de despotes sanguinaires, fantasques ou ubuesques du genre Idi Amin Dada, Bokassa, Menguistu Hailé Mariam, Macias Nguéma, Haïti a eu ses papa et baby Doc, les Philippines les Marcos  mais rarement personnalité aura déshonoré   autant la fonction présidentielle comme c’est le cas de ce dirigeant pour le choix duquel les Américains se seront lourdement … « trumpés ». Qu’on ne nous dise pas qu’il a été élu démocratiquement car après tout, Hitler aussi l’avait été.

Et dire qu’il faudra encore se le taper trois ans, trois longues années pendant lesquelles il va commettre trop de dégâts. Avec de tels propos dévalorisants et bêtement méchants, qui illustrent à souhait la haute estime dans laquelle il  tient ses « homologues » africains qu’il reçoit, l’on est en droit de se demander ce que vont devenir l’AGOA, le MCC, l’initiative Power Africa, le PEPFAR (plan d’urgence pour la lutte contre le SIDA) et tant d’autres projets et programmes mis en œuvre par ses prédécesseurs au bénéfice de ces pays de merde.

Jusque-là on connaissait les génocides physiques, c’est-à-dire l’extermination de populations du fait de leur race, de leur ethnie, de leur croyance, de leur couleur de peau mais avec ces outrances verbales et ses « trumperies » à n’en pas finir, il faudrait que la Cour pénale internationale songe à inventer le crime de génocide moral qui est certes plus insidieux  mais tout aussi dévastateur sinon plus, les insultes (cafards, rats, merde, etc.) et  discours désobligeants préparant bien souvent le terrain aux actes violents. En attendant, mister Trump, bons baisers d’un pays de merde.

 

La Rédaction

  

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Anniversaire de la Révolution tunisienne : Le cœur n’est pas à la fête

On avait craint une journée chaude ce dimanche 14 janvier, jour anniversaire de la Révolution du jasmin en Tunisie : en effet, la semaine écoulée, le mercure social a pris l’ascenseur  avec des manifestations émaillées de vandalisme, traduisant un mécontentement grandissant de la population. « Le peuple veut faire tomber la loi des finances », a-t-on entendu, entre autres slogans, en échos  au « peuple veut faire tomber le régime » scandé par les insurgés  de janvier 2011. 7 ans après, la rue a de nouveau parlé à Tunis, Sfax, Carthage et dans d’autres villes du pays, posant cette lancinante question aux Tunisiens : qu’est-il advenu de la Révolution ?

Un demi-échec que cette révolution, écrivions-nous dans notre parution du vendredi dernier, car, si la démocratie a pris ses quartiers dans le pays, les transformations économiques susceptibles d’apporter les solutions aux nombreuses  demandes sociales se font attendre. Pire, pour beaucoup de Tunisiens, leurs conditions de vie se sont détériorées, et  la loi de finances 2018, parce qu’elle en ajoute à l’austérité et à la vie chère, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de mécontentement. En une semaine, le Mouvement  Fech Nestannew, traduisez «qu’est-ce qu’on attend », sous-entendu « pour protester », a donné des sueurs froides au gouvernement de Youssef Chahed. On a senti flotter comme une odeur de jasmin, c’est-à-dire les prémices d’une seconde révolution, obligeant les autorités à user du bâton et de la carotte pour endiguer la contestation sociale.

Pour ce qui est du bâton, entre 500 et 800 manifestants, selon les sources, ont été arrêtés et seront traduits en justice d’après les autorités. Diabolisés en « casseurs, pilleurs », ces manifestants risquent des peines de prison et de lourdes amendes. Concernant la carotte, le gouvernement multiplie les effets d’annonce en mettant en avant des mesures en faveur des Tunisiens les plus pauvres, notamment une augmentation des allocations sociales, la mise en œuvre d’un plan logement, d’une couverture maladie universelle et  la fixation d’une pension minimale de retraite. Côté politique, on envisage sérieusement la formation d’un gouvernement ouvert à l’opposition qui verrait l’entrée en son sein du Front populaire, lequel ne fait pas mystère de son soutien aux manifestations de ces derniers jours.

On le voit bien, le gouvernement s’échine à parer au plus pressé, mesurant sur le tard l’impact négatif de la dernière loi de finances sur l’opinion tunisienne. Pourquoi n’a-t-il fait sienne la vérité assénée par l’adage : « gouverner c’est prévoir » ? Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenu des risques de troubles sociaux dont  le projet de budget 2018 était porteur. En cela le gouvernement Youssef Chahed n’a pas le monopole de la bêtise d’attendre que le front social bouillonne pour penser aux couches les plus vulnérables de la population. Il y a comme de l’infantilisme chez nos gouvernants à ignorer la grogne des populations jusqu’à ce qu’une quelconque étincelle mette le feu aux poudres. Et les voilà en pompiers qui imaginent des dissolvants pour éteindre l’incendie. Pour quels résultats ?

Pour l’heure, le président Beji Caïd El Sebsi et son gouvernement semblent avoir contenu la grogne sociale en Tunisie, mais pour combien de temps ? En tout cas, en ce 7e anniversaire  de la Révolution du jasmin, le cœur n’est pas à la fête sur l’avenue Bourguiba. Le plus puissant des syndicats du pays, l’Union générale des travailleurs de Tunisie (UGTT), et  le parti d’opposition Front populaire ont appelé à une marche dans une mobilisation massive et patriotique pour crier la colère des Tunisiens devant le Parlement  le 20 courant. On attend de voir.

 

Zéphirin Kpoda

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Fièvre Ebola : Par quel filament prendre ce virus ?

Depuis que les premiers cas de virus Ebola ont été signalés en janvier dernier en Guinée-Conakry, la situation épidémiologique va de mal en pis. La «peste rouge», ainsi que nous l’avons qualifié du fait de la fièvre hémorragique qui foudroie les personnes atteintes, semble installée pour longtemps alors qu’on s’attendait à sa disparition, du moins à un recul rapide comme c’est souvent le cas en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs. Rien de tout cela. Bien au contraire. Sa zone épidémiologique ne fait que s’étendre au-delà des frontières du pays de Sékou Touré, son foyer originel en Afrique de l’Ouest.

En effet, le virus s’est répandu en Sierra-Léone et au Liberia, et qui sait si d’autres Etats, comme le Mali et la Côte d’Ivoire, où des alertes avaient été données, ne couvent pas aujourd’hui le mal. La question mérite d’être posée quand on connaît les modes de transmission d’Ebolavirus (contact direct avec une personne infectée, consommation de certains gibiers comme la chauve-souris, le singe et l’agouti, considérés comme des réservoirs viraux), et la grande mobilité des populations dans des conditions qui jurent avec les règles d’hygiène et de prévention préconisées en pareille situation.

 

En tout cas, à ce jour, selon Médecins sans frontière (MSF), 60 foyers actifs ont été identifiés en Guinée, au Liberia et en Sierra-Léone. «Le risque d’une propagation est aujourd’hui réel», a averti le directeur des opérations de MSF, Bart Janssens, d’autant plus que ‘’l’épidémie est hors de contrôle’’ et a déjà fait 385 morts sur 567 cas recencés. Il y a lieu que les autorités sanitaires et même politiques des Etats de la boucle «ébolique» et des pays voisins prennent le Filovirus par les filaments, c’est le cas de le dire, de renforcer la surveillance épidémiologique, multiplier davantage les campagnes de sensibilisation sur le mode de contagion de la fièvre Ebola et arrêter, comme c’est le cas en Guinée Conakry, la polémique stérile sur le nombre de victimes. L’épidémie ignorant les frontières, la riposte doit en faire autant. Nos gouvernements doivent au plus vite mutualiser leurs moyens et leurs efforts pour la mise en place d’un plan sous-régional pour sinon l’éradication de l’infection, du moins l’arrêt de sa propagation. C’est à ce prix qu’on pourra espérer juguler cette ‘’peste rouge’’ contre laquelle il n’existe aucun moyen curatif, et conjurer la sombre prophétie de Jean-Marie Le Pen qui, dans une de ses abominations, a osé déclarer : «Contre l’immigration, monseigneur Ebola s’en chargera en trois mois».

 

Adama Ouédraogo Damiss

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Figas Paalga : L’accompagnateur d’un malade brise des vitres des Urgences médicales

Le jeudi 17 avril 2014 vers 6 h, un jeune âgé de 25 ans, accompagnateur d’un malade, a brisé une porte vitrée du service des Urgences médicales du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (C.H.U.Y.O.). L’incident est survenu par suite du refus de cet homme de respecter les horaires de visite aux malades. Le personnel soignant avait même autorisé, exceptionnellement, deux accompagnateurs auprès du patient au lieu d’une personne comme c’est la règle au niveau du box des soins d’urgence. Celui qui a brisé la porte vitrée du service était lui-même auprès du malade en sa qualité d’accompagnateur. Il est sorti pour faire entrer un visiteur. Or, au niveau du box d’urgence, les visites ne sont pas admises.

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