Zeph dans le gouvernement : Planche de salut ou nomination empoisonnée pour Zèph ?
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Le second mandat du président Roch Marc Christian Kaboré a véritablement démarré.
Le second mandat du président Roch Marc Christian Kaboré a véritablement démarré.
Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été reçu en audience par le président Roch Marc Christian Kaboré dans l’après-midi du 8 janvier 2021 à Kosyam. Au sortir de son « entretien assez long », le chef de la diplomatie française a dit être venu d’abord féliciter de vive voix le chef de l’Etat pour sa réélection, ensuite réitérer la détermination de la France à accompagner le Burkina la sécurité ainsi que dans sa politique de développement économique et social et enfin parler de coopération régionale et sécuritaire au Sahel.
Ça avait été déjà une grande surprise quand, le 21 janvier 2019, il avait été tiré de sa retraite douillette pour prendre la tête du gouvernement burkinabè en remplacement de Paul Kaba Thiéba. Dans un Burkina tourmenté par le terrorisme qui ne cessait de gagner du terrain, quelle poigne, se demandaient en effet nombre de Burkinabè, pouvait avoir un homme certes expérimenté pour avoir été plusieurs fois ministre (Santé, Enseignement supérieur), député puis commissaire à l’UEMOA mais qui, à 71 ans, avait plutôt son avenir, politique notamment, derrière lui. Pour ne rien arranger, la petite larme qu’il a écrasée sous le poids de l’émotion lors de sa déclaration de politique générale le 18 février 2019 devant l’Assemblée nationale avait fini de convaincre même les plus charitables à son endroit que la fonction était bien trop lourde pour de si frêles épaules.
Pour cette raison donc, pensaient-ils, Christophe Marie Joseph Dabiré ne pouvait qu’être un Premier ministre de transition, juste pour accompagner le président Roch Marc Christian Kaboré jusqu’aux élections. A tort ; puisque après avoir rendu sa démission et celle de son gouvernement le 30 décembre 2020, le PM a été reconduit le mardi 5 janvier 2021. Nouvelle surprise donc, même si ceux qui sont dans le secret des dieux affirmaient ces derniers jours que son maintien était dans l’ordre du possible.
Puisque seul celui qui l’a nommé sait pourquoi il l’a fait, on ne peut que conjecturer sur ses motivations réelles ou supposées. Il faut croire en tout cas que la copie que « der alter » (1) a rendue ces deux dernières années était parfaite au point qu’il mérite que son mandant lui renouvelle sa confiance à 73 ans. Il est vrai qu’à cet âge, puisque vieillesse rime avec sagesse, le septuagénaire, connu pour son calme et sa pondération, peut être un atout majeur pour le président du Faso dans la perspective de l’œuvre de réconciliation nationale sous le signe de laquelle il veut placer les premiers mois de son dernier mandat. Pour sûr, son sens de la mesure et sa capacité d’écoute ne seront pas de trop pour rapprocher des positions tranchées depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014.
L’autre raison qui a pu présider au maintien du natif de Wizin à Dissin, dans le Sud-Ouest, c’est qu’il ne dérange et ne fait de l’ombre à personne et il n’a certainement pas d’ambition présidentielle alors que la nomination à la Primature d’un jeune loup, par exemple, qui aurait de l’épaisseur aurait pu acérer davantage ses dents et ouvrir plus tôt que prévu l’inévitable guerre des appétits pour succéder à l’enfant de Tuiré. Le chef de l’Etat aurait ainsi choisi de différer la bagarre pour ne pas polluer tout de suite le début de son ultime quinquennat.
Il n’est pas non plus interdit de penser que le renouvellement du contrat du chef du gouvernement est dû à la difficulté de trouver, à l’Ouest particulièrement, un oiseau rare suffisamment consensuel, en tout cas qui aurait eu l’aval des grands décideurs de la majorité, surtout de Roch et de Simon dont on dit qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes sur le sujet. Alors, on décide de prolonger le bail de Dabiré, le temps de voir venir comme on dit.
En attendant, maintenant que Roch a choisi de ne pas choisir un nouveau PM, on est impatient de connaître d’ici le week-end le visage de la première équipe Dabiré II pour voir véritablement la direction que va prendre l’entame de son nouveau et dernier bail à Kosyam.
Ousséni Ilboudo
(1) « Le vieux » en allemand
Tchombangou et Zaroumdareye. Ce sont deux villages nigériens situés près de la frontière malienne qui auraient bien voulu se passer de cette soudaine notoriété. Mais hélas !
Ça ne sera donc pas pour cette fois-ci. Dans un pays où personne n’est encore parvenu à gagner une présidentielle par le fatidique coup K.O, Mohamed Bazoum n’est pas parvenu à vaincre le signe indien, ou plutôt nigérien.
24 heures après la tenue des élections législatives et présidentielle du 27 décembre 2020, les Nigériens étaient toujours dans l’attente hier des résultats provisoires. Dimanche, dès la fermeture des urnes, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait commencé la compilation des données des 26 000 bureaux de vote disséminés sur ce vaste territoire de 1,2 million de kilomètres carrés, et elle avait entamé lundi leur publication à dose homéopathique.
Au lendemain de sa libération par ses ravisseurs suite à des négociations dont les conditionnalités ont fait des gorges chaudes dans de nombreux cercles, (notamment sur la monnaie d’échange qu’est l’élargissement de nombreux djihadistes et l’étendue de la rançon), une vive discussion s’était engagée au sein de notre rédaction entre ceux qui pensaient que Soumaïla Cissé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était désormais politiquement mort et ceux qui réfutaient cette thèse, estimant que c’était plutôt l’occasion pour lui de rebondir.
Vaille que vaille, la Centrafrique a organisé hier des élections couplées, présidentielle législatives.
Qui de Faustin Archange Touadéra, le président sortant, d’Anicet-George Dologuélé, son concurrent le plus sérieux, ou des quinze autres candidats aura la préférence du million 850 mille inscrits sur les listes électorales ?
Entre une interminable crise sécuritaire qui aura encore fait des dizaines de morts ces dernières semaines et une autre, sanitaire, liée à la recrudescence du coronavirus, 7,5 millions d’électeurs nigériens étaient appelés aux urnes hier dimanche 27 décembre 2020 pour choisir leur président de la République et les 171 députés de l’Assemblée nationale. Concernant la course à la magistrature suprême, trente candidats (1) se disputent le fauteuil sur lequel, hélas, ne peut s’asseoir qu’une seule personne à la fois puisque ce n’est pas un banc.
Les élections couplées, les législatives et la présidentielle du 27 décembre prochain, auront-elles lieu en Centrafrique ? Si oui, dans quelle atmosphère sécuritaire et quel sera le climat postélectoral ?
En effet, l’aiguille du baromètre sociopolitique de ce pays oscille entre calme précaire au centre et temps nuageux avec forte menace de tempête dans le nord-ouest. Car 6 groupes armés parmi les plus importants signataires de l’accord de Khartoum de février 2019 sont de nouveau sur le pied de guerre. Avec le soutien de certains acteurs politiques nationaux, Ils dénoncent cet accord qui était censé consolider le processus de sortie de crise et raffermir la paix. Ils l’ont fait savoir dans un communiqué publié il y a 5 jours. Comme pour joindre l’acte à la parole, ils ont fait des incursions dans les principales villes de la région nord-ouest du pays. Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement de Faustin Archange Touadera parle d’une volonté de perpétrer un coup d’Etat de la part de l’ancien président François Bozizé.
De quoi mettre en alerte les forces de la MINUSCA qui multiplient les patrouilles dans Bangui et accentuent les contrôles sur les axes routiers y conduisant. Cela suffira-t-il pour la tenue des élections à bonne date dans un climat apaisé et surtout avec une acceptation des résultats ? Rien n’est moins sûr vu le caractère offensif du communiqué des 6 groupes rebelles qui exigent un report des scrutins, un dialogue national et un gouvernement de transition, sans quoi ils se réservent le droit d’employer tous les moyens de coercition pour empêcher le hold-up électoral en préparation. Et le président Touadera, déterminé à maintenir le cap sur ces élections couplées, de leur répondre au cours de son dernier meeting tenu à Bangui samedi soir : « Certains vous manipulent en vous disant de prendre les armes, de tuer les gens, de piller les biens publics et privés, de tout détruire pour faire reculer le pays. Qu’ils le veuillent ou qu’ils ne le veuillent pas, le 27, nous irons aux élections. Nous ne voulons que la paix. »
En cela, le gouvernement centrafricain est sur la même longueur d’onde que la communauté internationale qui, par la voix du Secrétaire général de l’ONU, appelle les Centrafricains à régler leurs différends dans la paix et à tenir les élections à la date prévue. Pas sûr qu’il soit entendu par les groupes rebelles qui ont repris les armes et ont, en alliance avec certains leaders politiques, notamment François Bozizé et Anicet-George Dologuélé, 2 fers au feu dans cette situation sociopolitique volatile en Centrafrique : battre campagne pour avoir des élus tout en menaçant de marcher sur Bangui par la force des armes.
En réalité, cette attitude ambivalente de la coalition des groupes armés qui dénoncent l’accord de Khartoum ne souffre aucune ambiguïté : elle signifie clairement que, François Bozizé écarté de la présidentielle, si le candidat qui leur est favorable, Anicet-George Dologuélé, n’est pas élu président de la République, ils n’accepteront pas les résultats des scrutins.
Dès lors, on n’a pas besoin d’une boule de cristal pour affirmer qu’après 13 accords de cessez-le-feu et de sortie de crise négociés et signés en 8 ans, la Centrafrique n’a pas réussi à exorciser ses vieux démons des divisions régionalistes et politiques à forte connotation religieuse. Au contraire, elle y patauge dans un mouvement de un pas en avant, deux en arrière. L’introuvable consensus des acteurs de cette crise sur les élections couplées à venir en est l’illustration parfaite.
Quand, aux égo, surdimensionnés, de politiciens non éclairés comme Bozizé s’ajoutent les appétits des multinationales pour les ressources minières dont regorge le pays, cela donne cette pagaille que vit le pays depuis belle lurette. Exit donc l’accord de Khartoum, bonjour l’instabilité chronique !
La Rédaction